Il y a 10 000 ans dans le Sahara, on mangeait beaucoup de poissons

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Crédits : Wolfgang_Hasselmann/pixabay

Des chercheurs ont découvert de nombreux restes de poissons (et d’autres animaux) vieux de 10 000 ans au sud-ouest de la Libye, dans le désert du Sahara.

Entre 2003 et 2006, Savino di Lernia et son équipe de l’Université Sapienza de Rome sont venus étudier un abri sous roche appelé Takarkori, retrouvé dans le sud-ouest de la Libye. Ils savaient qu’il y a peu plus de 5 500 ans en arrière, cette grotte de 140 mètres carrés se plaçait encore près d’un étang, autorisant une possible occupation humaine.

« Durant cette période, le Sahara central était beaucoup plus humide qu’aujourd’hui. C’était un environnement semblable à la savane qui subvenait aussi aux besoins de grands animaux comme des éléphants, des hippopotames et des rhinocéros« , explique le chercheur.

Sur place, ils ont examiné des restes d’animaux datant de 10 200 à 4 650 ans, que la grotte a permis de conserver. Le passé de la région ayant été humide, ils s’attendaient alors à trouver du poisson… mais pas autant.

80% de poissons

Dans leur étude, publiée dans la revue PLOS One, Savino di Lernia et son équipe détaillent en effet la découverte de restes de 18 000 spécimens individuels, dont près de 80% étaient des poissons, tous datés à environ 10 000 ans. La plupart étaient des poissons-chats et des tilapias.

« Bien que cela ne soit pas rare dans les premiers contextes de l’Holocène en Afrique du Nord, la quantité de poisson étudiée est sans précédent dans le Sahara central« , souligne le chercheur.

Le reste des échantillons était principalement constitué de mammifères (19%). Les oiseaux, reptiles, mollusques et amphibiens complétaient les vestiges.

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L’abri sous roche de Takarkori, en Libye. Crédits : PLOS One

S’adapter pour survivre

Des marques de coupe et des signes de brûlure laissent à penser que tous ces restes sont des déchets alimentaires humains. Cela a des implications importantes, suggérant que le poisson était finalement un aliment très important pour les habitants de la région à cette époque.

Au fil du temps, la zone s’est peu à peu asséchée et de ce fait, les plans d’eau ont eu de plus en plus de mal à se maintenir.

Comme le souligne d’ailleurs cette étude, si environ 80% de tous les restes d’animaux datant de 10 200 à 8 000 ans étaient des poissons, ces derniers ne représentaient plus que 40% des restes datés d’il y a 5 900 à 4 650 ans. À cette époque, les habitants semblaient consommer davantage de moutons, de chèvres et de bovins.

Cet environnement changeant a donc forcé les chausseurs-pêcheurs-cueilleurs qui comptaient autrefois sur le poisson à modifier leur alimentation pour pouvoir survivre.

« Ce n’est qu’une pièce du puzzle, mais une pièce importante alors que nous nous efforçons de comprendre comment les gens peuvent s’adapter aux formes extrêmes du changement climatique« , concluent les chercheurs.

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