Au cours des derniers jours, le Groenland a été frappé par l’arrivée d’une masse d’air exceptionnellement douce. Des records de température et une accélération brutale de la fonte de l’inlandsis ont été observés. Aussi, la saison de fonte de 2019 s’annonce comme l’une des plus actives jamais mesurées.
Après avoir concerné l’Europe de l’ouest, la masse d’air très chaud à l’origine de la canicule de fin juillet s’est déplacée vers le grand nord. Elle a d’abord envahi la majeure partie de la Scandinavie où – sans grande surprise – des records sont là aussi tombés. On a localement dépassé les 35 °C, comme à Laksfors où le mercure est monté à 35,6 °C le 27 juillet. Puis, elle a régressé vers l’ouest, en apportant une chaleur inhabituelle entre l’Islande et le Groenland.
Une masse d’air exceptionnelle
Mardi, le radiosondage de Danmarkshavn – une station météo située à 77 °N sur la frange nord-est du Groenland – a mesuré une température de 14,4 °C vers 1500 mètres. Du jamais vu depuis le début de mesures par ballon en 1950. Le précédent record remontait au 13 juillet 2012 avec 13°C.
Le radiosondage a également indiqué que l’altitude du niveau de pression 500 hpa se situait à 5860 mètres. Là aussi, on ne connaît aucun équivalent depuis 1950 a minima.
Ces valeurs mesurées à distance du sol témoignent du caractère exceptionnel de la masse d’air sur toute son épaisseur. En outre, puisque cette dernière s’est aventuré dans l’intérieur de l’île, la calotte glaciaire n’a pas manqué de réagir.
Plus de 4 °C au centre de la calotte Groenlandaise
L’arrivée de cet air exceptionnellement doux dans l’intérieur glacé du pays a laissé sa trace sur les relevés de la station de Summit. Malgré son altitude de 3200 mètres – elle est posée au sommet de la calotte -, la température maximale a atteint 0 °C le 31 juillet. Le 1er août, elle s’éleva à 2,7 °C et atteignit 4,7 °C le 2 août. Le mercure n’était jamais monté aussi haut à cette période de l’année, même durant l’épisode symbolique de 2012.
Effet mécanique, entre le 30 juillet et le 2 août, 50 % à 60 % de la surface de l’inlandsis était en train de fondre. En conséquence, le bilan de masse surfacique a plongé vers des valeurs fortement négatives, témoignant d’une importante perte de glace. Cumulées sur la saison, elles restent moins grandes qu’en 2012 (cf. graphique ci-dessus). Néanmoins, 2019 devrait terminer sur le podium des pires années de fonte.
Notons que ce bilan ne tient pas compte des processus de vêlage et de fusion des glaciers périphériques dus au contact avec l’eau de mer. De ce fait, la perte totale de masse pour la calotte est bien plus importante. Un bilan total toujours négatif depuis les années 1980 et qui ne cesse de s’accentuer depuis. Concrètement, entre 1980 et 1990, la perte de masse totale était d’environ 50 milliards de tonnes par an. Entre 2010 et 2018, elle est passé à environ 286 milliards de tonnes par an.
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