Le « plus grand iceberg du monde » se rapproche dangereusement d’une île sensible

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Crédits : Lauren Dauphin / MODIS / NASA EOSDIS / LANCE / GIBS / Worldview

Le plus grand iceberg du monde devrait normalement « s’ancrer » sur l’île britannique de Géorgie du Sud dans quelques jours, menaçant de perturber la faune et la flore locales. Deux submersibles seront bientôt envoyés sur place pour étudier les conséquences de cette rencontre brutale.

Il y a environ trois ans, une équipe de chercheurs britanniques chargée de surveiller la zone C de la barrière de glace Larsen, à l’est de la calotte glaciaire de l’Antarctique, confirmait le vêlage d’un gigantesque iceberg. Baptisée A68, la structure, dont la masse avoisinait les mille milliards de tonnes, couvrait à l’époque une surface équivalente à cinquante fois la ville de Paris. Du jamais vu. L’iceberg a depuis un peu rétréci, mais il mesure encore 140 km de long et 48 km à son point le plus large.

Dès lors, les chercheurs ont commencé à suivre la trajectoire empruntée par l’iceberg. D’une part, parce qu’il pouvait représenter un danger pour le trafic maritime, mais aussi et surtout parce que, d’après les donnée satellitaires, la structure semblait se diriger droit vers l’île britannique de Géorgie du Sud.

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Image satellite montrant la forme et la longueur de l’iceberg.
Crédits : Copernicus Sentinel-1

Une rencontre imminente

Qu’un iceberg fréquente la région n’est pas vraiment nouveau. Les courants océaniques ont en effet tendance à diriger les « blocs de glace » libérés de l’Antarctique en direction de l’île britannique. En revanche, A68 est beaucoup plus imposant que la normale. De plus, il n’est pas très profond, avec une épaisseur estimée à moins de deux-cents mètres. Avec de telles mensurations, il n’est donc pas impossible que l’iceberg vienne s’ancrer sur le fond marin. Si tel est le cas, A68 pourrait alors couper les voies maritimes permettant aux phoques et aux manchots de se nourrir normalement.

En outre, les scientifiques craignent également que l’iceberg libère sur place d’énormes quantités d’eau douce.

« Si tel est le cas, la faune et la flore locales seront alors confrontés à un brusque changement de leur environnement« , estime Geraint Tarling, écologiste du BAS. « [Les plantes indigènes] pourraient ne pas pouvoir pousser aussi bien, ce qui signifie qu’il pourrait ne plus y avoir autant de nourriture disponible pour le zooplancton et le krill, qui sont alors la nourriture des pingouins et des phoques. Et ainsi, [l’écosystème] tout entier pourrait cesser de prospérer« .

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La trajectoire empruntée par l’iceberg A-68 au cours de ces derniers mois. Crédits: BAS

Deux robots envoyés sur place

Il y a encore quelques semaines, le risque d’encrage de l’iceberg sur l’île de Géorgie du Sud était encore incertain. Des chercheurs avaient en effet prédit que la structure pourrait faire une boucle autour de l’extrémité sud de l’île, avant de se diriger vers le nord-ouest. Toutefois, les dernières données satellitaires laissent à penser que l’iceberg rejoindra bel et bien cette réserve faunique dans quelques jours. Et les chercheurs se préparent déjà aux conséquences.

Selon le British Antarctic Survey (BAS), qui suit l’iceberg depuis plusieurs mois, deux robots de la taille d’un réfrigérateur seront en effet bientôt envoyés sur place pour étudier les effets sous-marins de cette collision imminente. Les deux submersibles passeront près de quatre mois à collecter des données sur la température, la salinité et la clarté de l’eau de mer de chaque côté de l’iceberg.