Climat : le Hunga Tonga a augmenté la probabilité de dépasser le seuil des 1,5 °C

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Crédits : NOAA / RAMMB / CIRA.

Selon une nouvelle étude, l’éruption du Hunga Tonga, qui est survenue il y a un peu plus d’un an, a augmenté la probabilité de dépasser les 1,5 °C de réchauffement planétaire au cours des dix prochaines années. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature Climate Change ce 12 janvier.

Le 15 janvier 2022, l’île Hunga Tonga-Hunga Ha’apai, qui est située à l’ouest du Pacifique dans le royaume des Tonga, a subi le réveil du volcan sous-marin éponyme. Alors entré dans une phase éruptive majeure, ce dernier a produit un panache volcanique d’une ampleur tout à fait remarquable.

Une injection massive de vapeur d’eau en stratosphère

En utilisant des modèles de transfert radiatif, une équipe de chercheurs a montré que l’éruption volcanique devrait légèrement réchauffer le climat à court terme. Elle a en particulier augmenté la probabilité que la température planétaire dépasse temporairement les 1,5 °C ces dix prochaines années, qui est l’objectif très ambitieux inscrit dans l’accord de Paris. Ce résultat peut surprendre, car les panaches éruptifs sont habituellement associés à un refroidissement et non à un réchauffement.

Le fait est que l’éruption du Hunga Tonga a injecté une quantité inhabituellement élevée de vapeur d’eau (H2O) dans la stratosphère. Or, comme la vapeur d’eau est un gaz à effet de serre et que la haute atmosphère en contient très peu, il en résulte une élévation de la température en altitude qui va ensuite se propager à la basse atmosphère. Cet apport d’eau, estimé à 146 millions de tonnes, a exercé un forçage radiatif de l’ordre de 0,12 W/m² et ne se résorbera qu’au bout de plusieurs années.

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Vue satellite du panache lors du pic de l’éruption. Crédits : NASA Earth Observatory.

L’objectif des 1,5 °C en péril ?

En intégrant ce forçage à des simulations climatiques, les chercheurs ont trouvé une majoration de 7 % quant à la probabilité de voir une des cinq à dix prochaines années franchir le seuil des 1,5 °C, ce qui porte la probabilité totale à environ 67 %. Il ne faudrait toutefois pas conclure à l’échec des politiques climatiques, car le dépassement officiel de l’objectif se calcule sur une période décennale et concerne le réchauffement anthropique. Ici, le franchissement serait temporaire et lié à un facteur naturel.

Les résultats rappellent cependant le peu de temps qu’il nous reste si l’on tient à avoir une chance de respecter les objectifs annoncés, qu’il s’agisse des 1,5 °C ou, de façon plus réaliste, des 2 °C de réchauffement planétaire. Dans cette optique, aujourd’hui plus que jamais, la diminution des émissions mondiales de gaz à effet de serre, accompagnée par des technologies de capture et de stockage du carbone, est nécessaire. Or, les derniers chiffres montrent que 2022 a atteint un nouveau record d’émissions.