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Les humains peuvent-ils réellement s’adapter au réchauffement climatique ?

Si au cours de l’histoire, l’espèce humaine a toujours pu s’adapter, les défis climatiques actuels sont peut-être trop importants. Selon une étude récente qui explore l’évolution de la température à la surface de la Terre durant ces dernières centaines de millions d’années, les fluctuations de température sont plus importantes que ce que nous pensions.

Des fluctuations de température inquiétantes

Alors que les températures augmentent progressivement, mais rapidement un peu partout sur Terre, la question de l’adaptation de l’espèce humaine se pose de plus en plus. Une étude menée par le département de géosciences de l’Université de l’Arizona à Tucson (États-Unis) et publiée dans la revue Science le 20 septembre 2024 permet de mieux cerner cette crainte. L’étude en question a apporté un nouvel aperçu de l’évolution de la température à la surface de la Terre au cours des 485 derniers millions d’années. Or, les résultats ont révélé des fluctuations de température plus importantes par rapport à celles acquises par la communauté scientifique jusqu’ici. De plus, ces recherches mettent en exergue un lien très étroit entre la température moyenne à la surface du globe et la quantité de CO2 que contient l’atmosphère.

Ces travaux ont permis de reconstituer une courbe de température moyenne globale qui couvre une grande partie de l’éon phanérozoïque. D’une durée de 541 millions d’années (jusqu’à aujourd’hui), cet éon, qui est aussi le dernier des quatre éons de l’histoire de la Terre, se caractérise par l’apparition de formes de vie complexes, mais également des premiers poissons, des dinosaures, des végétaux terrestres et des mammifères. L’apparition tardive des humains a ensuite été synonyme de colonisation des terres et de l’apparition de plusieurs extinctions massives.

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Des conditions thermiques inédites à l’échelle de notre évolution

Selon les chercheurs, la préservation d’indicateurs de température dans des roches aussi anciennes est extrêmement rare. Or, même en remontant aussi loin, les indices se font très rares. Malgré cela, les auteurs de l’étude sont parvenus à combiner des données géologiques et des modèles climatiques au moyen d’une technique d’agrégation de données assez particulière. Or, si cette dernière a été initialement pensée pour prévoir la météo, les chercheurs ont élaboré des conclusions pertinentes. Selon les résultats, la Terre a connu des variations de températures comprises entre 11 °C et 36 °C lors des 485 derniers millions d’années. Il s’agit ici d’une amplitude plus importante que celle acquise jusqu’à aujourd’hui, ce qui témoigne de l’extrême sensibilité du système climatique terrestre aux changements environnementaux.

L’étude permet de confirmer à nouveau que le principal responsable de la régulation de la température terrestre n’est autre que le dioxyde de carbone (CO2). Ainsi, les modèles montrent que des niveaux élevés de CO2 sont synonymes de chaleur et vice versa. Par ailleurs, les auteurs de l’étude s’inquiètent davantage de la vitesse du réchauffement en cours que de la température moyenne à la surface. En effet, on observe ici un rythme qui dépasse de loin celui observé pour le passé géologique de la Terre.

L’augmentation des températures met déjà en danger de nombreuses espèces vivantes et écosystèmes, témoignant de leur incapacité à s’adapter. Pour l’humanité, cette question de l’adaptabilité se pose donc plus que jamais. Rappelons tout de même que les humains se sont développés dans un intervalle de température d’environ 5 °C, autrement dit une température moyenne globale assez stable. Or, dans la mesure où nous nous dirigeons vers des conditions thermiques inédites à l’échelle de notre évolution, il est difficile de prédire l’avenir, malgré notre remarquable capacité d’adaptation. De plus, l’absence d’actions fortes pour réduire l’intensification du réchauffement climatique n’est pas source d’optimisme.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.