En matière d’évolution, les êtres humains ainsi que les gros animaux ont tendance à devenir plus petits lorsqu’ils sont établis sur une île. Pour comprendre cette tendance, les scientifiques se sont intéressés à une espèce particulière d’hominidé, l’Homo Floresiensis.
Il y a entre 50 et 100 milliers d’années, une espèce d’hominidé a prospéré en Indonésie, plus particulièrement sur l’île de Florès. Les membres de cette espèce appelée Homo Floresiensis (surnommée le Hobbit) étaient capables de construire des outils en pierre, de chasser et probablement même de maîtriser le feu. Contrairement aux humains modernes, ils avaient de petits cerveaux, de grandes dents, le front fuyant et de grands pieds. Mais ce qui intéresse particulièrement les scientifiques, c’est leur taille : à peine un mètre en moyenne.
Pour de nombreux scientifiques, cette petite taille et le fait qu’ils aient évolué sur une île sont deux éléments liés. Cette théorie est appelée « évolution insulaire ». Pour le Smithsonian Museum, situé à Washington aux États-Unis, cette petite taille résulte d’un « processus d’évolution dû à une isolation de long terme sur une petite île avec des ressources en nourriture limitées et un manque de prédateurs ». Une tendance que confirme Aida Gomez-Robles, anthropologue à l’Université George Washington, sur le site de Science of Us : « Les observations classiques montrent que les gros animaux ont tendance à réduire de taille lorsqu’ils évoluent de manière insulaire, alors que les petits animaux ont tendance à augmenter en taille ».
L’anthropologue explique que les écosystèmes insulaires ont généralement moins de prédateurs que les écosystèmes continentaux, alors les gros animaux commencent à rétrécir pour qu’ils aient besoin de moins de ressources pour survivre. À l’inverse, les petits animaux deviennent eux plus grands, ce qui les rend plus efficaces métaboliquement ou plus en mesure d’utiliser les graisses comme source d’énergie.
Il y a toutefois débat sur cette théorie, certains scientifiques estiment que l’Homme de Florès ne serait pas forcément une évolution de l’Homo Erectus, mais de celle d’un autre hominien comme l’Homo habilis qui était déjà petit.
Dans une étude publiée dans la revue Nature, l’anthropologue Aida Gomez-Robles explique qu’il n’y aurait rien d’exceptionnel au fait que l’Homo Erectus ait pu évoluer en Homo floresiensis, mais que les autres hypothèses ne sont pas à écarter. « Le nanisme insulaire rapide n’est pas extraordinaire dans la nature. […] Quelle que soit l’origine véritable de l’H. florensiesis, nous nous rapprocherons encore plus d’une réponse si l’on regarde au-delà des hominiens dans notre quête d’explications ».