Une étude récente remet en cause l’idée selon laquelle l’espèce humaine serait la seule à consommer de l’alcool. Il s’avère que certains animaux ont un régime alimentaire incluant de l’éthanol provenant de fruits fermentés, de nectar et de sève.
De nombreux animaux consomment de l’éthanol
Tout d’abord, évoquons le fait que l’éthanol est naturellement présent dans presque tous les écosystèmes de la planète. Or, cette présence serait abondante depuis plus de 100 millions d’années, lorsque les plantes à fleurs ont commencé à produire des fruits ainsi que du nectar sucré. Citons également la fermentation des levures.
Anna Bowland et son équipe d’anthropologues de l’Université d’Exeter (Royaume-Uni) ont publié leurs travaux dans la revue Trends in Ecology & Evolution le 30 octobre 2024. Les chercheurs estiment que le monde s’éloigne actuellement de la vision selon laquelle seuls les humains consomment de l’alcool. Or, de par son abondance dans la nature l’éthanol est aussi ingéré par un nombre important d’espèces animales sous forme de fruits fermentés, de sève et de nectar.
Des études antérieures ont par exemple évoqué des chimpanzés sauvages du sud-est de la Guinée qui se nourrissent d’une sève alcoolisée provenant des palmiers raphia. Citons également les singes-araignées de l’île de Barro Colorado (Panama), friands de fruits de mombin jaunes, de petites prunes gorgées d’éthanol.
Des espèces inégales face aux effets de l’alcool
Une question particulière reste alors en suspens : la consommation d’éthanol induit-elle des effets d’ivresse chez les animaux ? Selon les chercheurs britanniques, un grand nombre d’espèces bénéficient d’une tolérance impressionnante face à l’alcool. C’est notamment le cas des musaraignes à queue noire, de petits mammifères insectivores. Les travaux ont montré que les animaux qui consomment régulièrement des aliments fermentés ont tendance à métaboliser rapidement l’alcool. Ainsi, les habituels effets négatifs de la substance ne se manifestent pas.
Cependant, d’autres espèces n’ont pas la même résistance, notamment certains oiseaux comme le jaseur des cèdres. Certains tests ont révélé que la consommation de baies trop mures du poivrier brésilien causait des accidents chez cette espèce, principalement de violents chocs contre des clôtures et autres structures, ce qui peut leur couter la vie.
Enfin, la résistance à l’alcool ou ses effets les plus étonnants sur des animaux sont le plus souvent observables chez les insectes. Par exemple, certains frelons peuvent consommer une quantité illimitée d’éthanol sans en ressentir le moindre effet. En ce qui concerne les mouches méditerranéennes des fruits, les mâles auraient tendance à consommer de l’éthanol en cas de rejet par leur partenaire femelle. En revanche, ces mêmes femelles seraient moins sélectives au niveau de leurs partenaires après avoir consommé de l’alcool.