Une équipe de paléoanthropologues annonce avoir identifié des preuves qu’Homo naledi, un lointain cousin disparu, enterrait non seulement intentionnellement ses morts, mais qu’il utilisait aussi des symboles, peut-être pour des raisons mortuaires.
Qui était Homo naledi ?
Homo naledi est une espèce d’hominidés éteinte connue depuis une dizaine d’années. Ses restes ont été découverts dans la grotte Rising Star en Afrique du Sud. Les fossiles couvrent une large tranche d’âge de l’espèce (allant d’enfants à des individus plus âgés), donnant aux chercheurs un regard unique sur l’ensemble de la population.
Ces lointains cousins présentaient à la fois des caractéristiques primitives et des caractéristiques similaires à celles des humains modernes. Par exemple, ils avaient des dents semblables aux nôtres, mais un corps construit pour grimper et un cerveau trois fois plus petit.
Notez qu’il est possible que nos ancêtres aient d’ailleurs cohabité avec eux. Les spécimens découverts seraient en effet datés d’environ 335 000 à 236 000 ans. À cette époque, Homo sapiens fréquentait donc probablement déjà la région.
Par ailleurs, l’une des caractéristiques les plus intéressantes de Homo naledi est le lieu de sa découverte : les fossiles ont été trouvés dans plusieurs chambres profondes difficiles d’accès d’un système de grottes qui s’enfonce à 300 mètres dans le sol. Cela a notamment soulevé des questions sur la manière dont les restes ont été déposés là-bas.
Certains chercheurs pensent que cela pourrait indiquer une forme de comportement rituel de disposition des corps, ce qui serait une caractéristique intéressante pour une espèce aussi ancienne. Cependant, ce point est resté controversé depuis la découverte des fossiles.
Trois articles de recherche, qui doivent être publiés dans eLife, semblent néanmoins confirmer cette hypothèse. Ces travaux ont été menés par l’équipe du Dr Lee Berger, de l’Université de Witwatersrand en Afrique du Sud, qui est à l’origine de la découverte des fossiles en 2003.
Des preuves convaincantes
Parmi ces documents de recherche, un article détaille les gravures rupestres symboliques réalisées par Homo naledi sur les parois de la grotte. Il s’agit de motifs hachurés et de formes géométriques sculptés par des instruments pointus.
Ces symboles gravés seraient datés entre 241 000 et 335 000 ans. Cependant, la datation des symboles gravés est toujours notoirement difficile. D’autres tests seront donc effectués pour obtenir une estimation plus précise. En attendant, ces dates doivent par conséquent être considérées avec une certaine prudence.
Un second article décrit les preuves d’inhumations délibérées par l’espèce. Les sépultures ont été creusées dans la grotte et les restes ont été enroulés en position fœtale à l’intérieur.
Enfin, un troisième document explore les inhumations et les gravures dans un contexte évolutif. Autrement dit, les chercheurs ont tenté de déterminer ce que ces découvertes pourraient signifier pour notre compréhension du comportement et de l’évolution cognitive chez les hominidés.
« Ces découvertes récentes suggèrent des enterrements intentionnels, l’utilisation de symboles et des activités de création de sens par Homo naledi« , a déclaré le paléoanthropologue Lee Berger. « Tous ces éléments amènent à la conclusion que cette espèce à petit cerveau d’anciens parents humains exécutait des pratiques complexes liées à la mort« .
Si ces découvertes se confirment, alors ces preuves précèderaient les plus anciennes sépultures cérémonielles connues d’Homo sapiens de plus de 100 000 ans.