homme préhistorique
Crédits : gorodenkoff/istock

Homo juluensis : découverte d’une possible nouvelle espèce humaine

Une récente découverte scientifique pourrait bien réécrire une partie de l’histoire de l’humanité. Le professeur Christopher J. Bae, anthropologue à l’Université d’Hawaï, et son équipe, ont identifié une possible nouvelle espèce humaine appelée Homo juluensis. Cette dernière, qui aurait vécu en Asie de l’Est il y a environ 300 000 ans, enrichit notre compréhension des anciens hominidés ayant partagé notre planète.

Une époque foisonnante pour l’évolution humaine

Le monde préhistorique était bien différent de celui que nous connaissons aujourd’hui. Durant le Pléistocène moyen et tardif (de 300 000 à 50 000 ans avant notre ère), plusieurs espèces humaines coexistaient en divers endroits de la planète. En Asie, des fossiles et des outils témoignent notamment d’une diversité fascinante, mais souvent confuse, des ancêtres humains. Homo erectus, Homo sapiens, Néandertaliens, et les mystérieux Dénisoviens y ont en effet laissé des traces fragmentaires.

Dans ce contexte, Homo juluensis pourrait s’ajouter à cette liste d’espèces humaines anciennes. Cette nouvelle espèce aurait chassé des chevaux sauvages en petits groupes, utilisé des outils en pierre et peut-être même transformé des peaux d’animaux pour survivre dans un environnement exigeant. Mais, comme tant d’autres espèces humaines, elle aurait disparu il y a environ 50 000 ans.

Des liens avec les Dénisoviens ?

L’histoire des Dénisoviens, une population humaine énigmatique, est encore en construction. Découverts pour la première fois en Sibérie grâce à des fragments d’os et des analyses ADN, les Dénisoviens auraient également vécu au Tibet et en Asie du Sud-Est. Les fossiles d’Homo juluensis, notamment des dents et des mâchoires, présentent des similitudes intrigantes avec ces restes.

Les chercheurs se demandent si Homo juluensis pourrait être une forme particulière de Dénisoviens. Toutefois, des études supplémentaires sont nécessaires pour confirmer cette hypothèse, car l’identification d’une nouvelle espèce repose sur des critères très stricts.

Une organisation des fossiles révolutionnaire

La percée de Christopher Bae et de son équipe ne réside pas seulement dans cette découverte potentielle, mais aussi dans la méthode utilisée. La recherche paléoanthropologique ressemble parfois à la résolution d’un immense puzzle : des fossiles épars et incomplets doivent être classés et interprétés pour reconstruire une image claire du passé.

Bae compare cela à l’organisation d’un vieil album photo familial où certaines images sont floues ou mal identifiées. Grâce à une nouvelle approche systématique, son équipe a réussi à regrouper les fossiles humains de Chine, de Corée, du Japon et d’Asie du Sud-Est en différentes catégories plus compréhensibles. Ce travail méthodique a permis d’identifier Homo juluensis et de clarifier des registres fossiles auparavant confus.

Cette avancée aide non seulement les chercheurs à mieux comprendre les liens entre différentes espèces humaines, mais elle pourrait aussi faciliter la communication scientifique. « En organisant ces fossiles de manière plus claire, nous contribuons à combler certaines lacunes dans notre compréhension de l’évolution humaine en Asie », explique le chercheur.

Homo juluensis
Taxons d’hominidés primaires du Quaternaire tardif (~300 000–~50 000 ans BP) d’Asie orientale. Crédits : Nature Communications (2024).

Pourquoi est-ce important ?

L’identification de nouvelles espèces humaines comme Homo juluensis nous rappelle que l’évolution humaine est loin d’être un processus linéaire. Contrairement à l’idée simpliste d’une progression directe de l’Homo erectus à l’Homo sapiens, le passé humain ressemble davantage à un arbre aux branches multiples. Des espèces différentes ont coexisté, interagi, et parfois partagé des gènes avant de s’éteindre.

En Asie, cette complexité est particulièrement évidente. Le continent, immense et riche en fossiles, abrite encore de nombreux mystères. Les découvertes récentes montrent toutefois que cette région a joué un rôle central dans l’évolution humaine, peut-être aussi important que celui de l’Afrique ou de l’Europe.

Une collaboration scientifique internationale

Cette recherche est le fruit d’une collaboration entre des scientifiques de renom, notamment Christopher Bae et le professeur Xiujie Wu, paléoanthropologue à l’Institut de paléontologie des vertébrés et de paléoanthropologie de l’Académie chinoise des sciences. Ensemble, ils ont analysé les fossiles attribués à Homo juluensis et élaboré sa description scientifique.

Pourtant, la route reste encore longue avant que cette découverte ne soit pleinement acceptée par la communauté scientifique. De nouvelles fouilles, des analyses ADN et des comparaisons détaillées seront en effet nécessaires pour confirmer l’existence d’Homo juluensis en tant qu’espèce distincte.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.