Un homme sur 500 peut ĂȘtre porteur d’un chromosome supplĂ©mentaire

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CrĂ©dits : Dan McCoy—Rainbow/age fotostock/Imagestate

Une analyse gĂ©nĂ©tique faite sur plus de 200 000 hommes britanniques suggĂšre qu’environ un sur 500 aurait un chromosome sexuel supplĂ©mentaire. La plupart l’ignorent. Pourtant, cette observation est importante dans la mesure oĂč cela pourrait augmenter leur risque de maladies comme le diabĂšte et de problĂšmes cardiovasculaires. Les dĂ©tails de l’Ă©tude sont publiĂ©s dans la revue Genetics in Medicine.

Les chromosomes sexuels déterminent notre sexe biologique. Les hommes ont généralement un chromosome X et un chromosome Y, tandis que les femmes ont deux X. Cependant, certains hommes ont également un chromosome X ou Y supplémentaire (XXY ou XYY). Les estimations de prévalence dans la population sont de 100 pour 100 000 hommes et de 18 à 100 pour 100 000 hommes respectivement.

Les hommes atteints du syndrome de Klinefelter (ceux qui ont chromosome X en plus) se prĂ©sentent gĂ©nĂ©ralement pendant l’adolescence avec une pubertĂ© retardĂ©e ou Ă  l’Ăąge adulte avec une infertilitĂ©. D’autres caractĂ©ristiques incluent la grande taille adulte, un pourcentage Ă©levĂ© de graisse corporelle, un faible tonus musculaire, une faible densitĂ© minĂ©rale osseuse ou encore des risques accrus de handicap neurocognitif, de psychoses et de troubles de la personnalitĂ©. Enfin, le syndrome a Ă©galement Ă©tĂ© associĂ© Ă  des risques plus Ă©levĂ©s de diabĂšte de type 2.

En revanche, le cas du chromosome Y supplĂ©mentaire est moins bien caractĂ©risĂ©. Les hommes concernĂ©s ont tendance Ă  ĂȘtre plus grands que les garçons et les adultes, mais sinon, ils n’ont pas de caractĂ©ristiques physiques distinctives.

Un homme sur 500 concerné

Dans le but de mieux apprĂ©hender leur prĂ©valence, une Ă©quipe de l’universitĂ© de Cambridge en collaboration avec des chercheurs de l’universitĂ© d’Exeter a analysĂ© des donnĂ©es recueillies par le projet UK Biobank. Il s’agit d’une base de donnĂ©es biomĂ©dicales et une ressource de recherche contenant des informations gĂ©nĂ©tiques anonymisĂ©es sur le mode de vie et la santĂ© d’un demi-million de participants britanniques. Pour ce travail, les chercheurs se sont concentrĂ©s sur les donnĂ©es gĂ©nĂ©tiques recueillies sur plus de 200 000 hommes britanniques ĂągĂ©s de 40 Ă  70 ans.

Les scientifiques ont identifiĂ© 213 hommes avec un chromosome X supplĂ©mentaire et 143 hommes avec un Y supplĂ©mentaire. En tenant compte de l’Ă©tat de santĂ© gĂ©nĂ©ral des participants, l’Ă©quipe a calculĂ© qu’environ un homme sur 500 dans la population gĂ©nĂ©rale pourrait ĂȘtre porteur d’un chromosome sexuel supplĂ©mentaire. Il s’agit d’un pourcentage beaucoup plus Ă©levĂ© qu’on ne le pensait auparavant.

Sur les 213 cas avec le chromosome X supplĂ©mentaire, seuls 49 (soit 23%) avaient Ă©tĂ© diagnostiquĂ©s pour le syndrome de Klinefelter, alors qu’un seul des 143 hommes avec un chromosome Y supplĂ©mentaire avait Ă©tĂ© diagnostiquĂ©. Cela s’explique par les raisons citĂ©es en prĂ©ambule.

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Illustration de chromosomes. Crédits : Flickr / Zappys Technology Solutions

Des sujets plus à risque en matiÚre de santé

Les chercheurs ont ensuite Ă©tudiĂ© la santĂ© de ces participants et les ont comparĂ©s au reste de la population prĂ©sente dans la base de donnĂ©es. Il en est ressorti que les hommes avec des chromosomes XXY avaient des niveaux significativement plus faibles de testostĂ©rone dans le sang. Ils couraient Ă©galement un risque trois fois plus Ă©levĂ© de retard de pubertĂ© et Ă©taient quatre fois plus susceptibles d’ĂȘtre infertiles. Les hommes avec un chromosome Y supplĂ©mentaire semblaient de leur cĂŽtĂ© avoir une fonction reproductrice normale. En revanche, tous les hommes de ces deux cohortes se sont avĂ©rĂ©s plus Ă  risque de dĂ©velopper un diabĂšte de type 2, une thrombose veineuse, une embolie pulmonaire ou une maladie pulmonaire obstructive chronique.

L’Ă©quipe ignore encore pourquoi le fait d’avoir un chromosome supplĂ©mentaire pourrait augmenter ces risques ou pourquoi ils semblent similaires dans les deux cas. Des travaux supplĂ©mentaires seront nĂ©cessaires pour tenter de rĂ©pondre Ă  cette question. À terme, cependant, il pourrait ĂȘtre utile de commencer Ă  dĂ©pister les chromosomes supplĂ©mentaires comme moyen potentiel de prĂ©venir ces diverses maladies associĂ©es.