Comment un homme a survécu à une attaque de crocodile marin

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Crédits : sarangib/Pixabay

Un homme a récemment partagé son expérience après avoir été attaqué par un crocodile marin alors qu’il faisait de la plongée avec tuba à 40 km au large de Cape York, en Australie. L’animal avait réussi à refermer ses mâchoires autour de sa tête. Mais comment a-t-il pu en réchapper ?

Les crocodiles marins, également connus sous le nom de crocodiles d’eau salée (Crocodylus porosus), sont les plus grands reptiles vivants. Ils sont aussi les plus lourds. Certains individus peuvent en effet mesurer plus de six mètres de long et peser plus d’une tonne. Les mâles sont généralement plus grands que les femelles. Vous les retrouverez dans les régions côtières et les habitats d’eau salée de l’Asie du Sud-Est, du nord de l’Australie et des îles du Pacifique, notamment dans les mangroves, les estuaires, les rivières et les zones marines peu profondes.

Notez que s’ils sont bien adaptés à la vie en eau salée grâce à des glandes spéciales situées près de leurs yeux qui leur permettent d’excréter l’excès de sel, ils peuvent également survivre dans les eaux douces.

Par ailleurs, nous savons que les crocodiles marins sont territoriaux. Ils peuvent donc se montrer particulièrement agressifs en cas d’intrusion. Le 27 mai dernier, un plongeur en apnée en a d’ailleurs fait les frais.

Une attaque de crocodile par-derrière

Marcus McGowan, a récemment partagé son expérience qui a été publiée par le Cairns and Hinterland Hospital and Health Service.

D’après son récit, il aurait jeté l’ancre avec plusieurs de ses amis aux îles Charles Hardy, à environ 40 km au large de la côte du cap York, pour effectuer une plongée rapide dans des eaux cristallines de la région après une matinée de pêche. Alors qu’il était en train d’observer des coraux et des poissons avec un autre plongeur, il aurait été soudainement attaqué par-derrière par un crocodile marin qui aurait très vite enserré ses mâchoires autour de sa tête.

Au début, Marcus McGowan pensait qu’il s’agissait d’un requin. Après avoir réalisé que c’était un crocodile, il s’est empressé d’ouvrir ses mâchoires juste suffisamment pour sortir sa tête. Le reptile aurait alors tenté de l’attaquer une deuxième fois avant que l’homme ne le repousse avec sa main droite, qui a ensuite été mordue. Il aurait finalement échappé à l’emprise du crocodile en nageant jusqu’au bateau qui est arrivé après avoir entendu les cris d’alerte.

Marcus McGowan aurait ensuite été emmené à l’hôpital et soigné pour des lacérations du cuir chevelu et des blessures mineures par perforation à la tête et à la main.

Considérant que le crocodile marin est l’un des prédateurs les plus puissants de la planète, cet homme a eu certes de bons réflexes, mais aussi beaucoup de chance.

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Un crocodile marin. Crédits : St. Augustine Alligator Farm / Wikipédia

Une survie qui tient à plusieurs facteurs

Les crocodiles sont connus pour leurs mâchoires capables de comprimer leurs proies avec une force de plus de 16 000 newtons. Cependant, d’après la victime, ce crocodile mesurait environ deux à trois mètres de long, ce qui suggère qu’il s’agissait d’un juvénile. Naturellement, même les jeunes crocodiles peuvent générer une force de morsure exceptionnelle (environ 1 112 newtons) à l’arrière de leurs mâchoires. Ce n’est donc pas le seul facteur qui a permis à Marcus McGowan de s’en sortir.

Pour Paul Gignac, de l’Université de l’Arizona, il est également possible que ce juvénile n’a pas été capable d’étendre toute sa mâchoire autour de sa proie. Or, nous savons que la force de morsure diminue à mesure qu’elle s’éloigne de l’articulation. Le bout de leur museau aura généralement une force de morsure inférieure d’environ 40%.

Cette prise mal positionnée a surement empêché le jeune crocodile de rouler sur lui-même dans le but de désorienter sa proie. Si tel avait été le cas, l’homme aurait probablement eu la tête arrachée.

L’endurance du crocodile pourrait aussi avoir joué un rôle. Pour rappel, les reptiles sont à sang froid. Cela signifie qu’ils dépendent en grande partie de sources de chaleur externes pour gérer leur température corporelle. Ils ont également un métabolisme plus lent que les animaux à sang chaud. En conséquence, ils n’ont généralement que de petites réserves d’énergie et se fatiguent rapidement. C’est pourquoi, après une attaque rapide, ils ont souvent besoin de repos avant d’atteindre à nouveau des performances optimales.

Enfin, nous savons que les humains libèrent des quantités massives d’adrénaline dans ce genre de situation, ce qui a pour effet d’augmenter l’apport l’oxygène vers les muscles et de permettre un regain d’énergie.

Les chercheurs notent que  dans ces conditions, il pourrait alors effectivement être possible pour un humain de se déloger de la gueule d’un jeune crocodile, mais non sans difficultés.