Hiroshima 1945
Crédits : US government / Wikipedia

Hiroshima : les débris nucléaires pourraient révéler des informations sur l’origine du Système solaire

Dernièrement, des chercheurs français ont focalisé leur attention sur les résidus des dégâts causés par la bombe atomique qui a frappé la ville d’Hiroshima en 1945. Certains composés chimiques pourraient révéler des informations qui peuvent potentiellement aider à mieux comprendre la naissance de notre Système solaire.

Comprendre la composition chimique des débris d’Hiroshima

Le 6 août 1945, la bombe atomique « Little Boy » lancée par les États-Unis explosait à 580 mètres au-dessus de la ville d’Hiroshima (Japon). L’explosion, la chaleur et la tempête de feu qu’a engendré la bombe ont tué entre 100 000 et 220 000 personnes. Les températures ont par ailleurs atteint près de 6 300 °C au sol et environ dix millions de degrés au niveau du noyau de la boule de feu.

En 2005, des scientifiques retrouvaient des débris de l’explosion le long de la plage de l’île de Motoujina, dans la baie d’Hiroshima. Il s’agissait de sphères vitreuses résultant de la décomposition du béton et de l’acier des bâtiments sous l’effet des températures extrêmes. Lors de l’attaque, ces éléments se sont transformés en minuscules gouttelettes vitrifiées projetées dans les airs avant de retomber en pluie sur plusieurs kilomètres à la ronde.

La composition chimique de ces débris de verre a fait l’objet d’une étude parue dans la revue Earth and Planetary Science Letters le 15 janvier 2024. Ces travaux ont été pilotés par l’Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP).

Moto-ujina Beach
Moto-ujina Beach (Japon). Crédits : Paul Walsh / Google Maps

Vers une meilleure compréhension de la naissance du Système solaire ?

Les chercheurs ont analysé 94 débris et les ont classés dans quatre catégories de composés chimiques qui existent dans la nature : l’anorthosite, la chaux sodée, la mélilite et la silice. Toutefois, les compositions très particulières de certains atomes d’oxygène et de silicium constituant les débris ont étonné les scientifiques. En effet, leur composition atomique ressemble en plusieurs points à celle des chondrites, des sortes de météorites pierreuses formées durant les prémices du Système solaire à partir de poussière interstellaire et de gaz nébulaire.

Pour les auteurs de l’étude, la compréhension des « premiers condensats du Système solaire » pourrait expliquer comment se sont formés les débris de verre d’Hiroshima. Par ailleurs, ces mêmes débris contiennent une quantité importante d’atomes 16O, une forme d’oxygène allégée en neutrons. À partir de cette découverte, les chercheurs ont émis l’hypothèse suivante : lors de la formation du Système solaire, les rayons ultraviolets qui ont pénétré les nuages de gaz et de poussières ayant créé les chondrites auraient aussi généré ces atomes.

En revanche, les scientifiques admettent qu’entre la catastrophe atomique d’Hiroshima et la formation du Système solaire, de nombreuses différences existent. Cela inclut notamment les températures, la pression et les mélanges gazeux, entre autres. Autrement dit, il est encore bien trop tôt pour affirmer avec certitude que les restes retrouvés à Hiroshima pourront apporter des éléments inédits permettant d’expliquer la naissance du Système solaire.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.