Aujourd’hui, le niveau d’enneigement de l’Hindou-Kouch-Himalaya est au plus bas, du jamais vu depuis plus de deux décennies. Or, une douzaine d’importants fleuves d’Asie dépendent en partie de cet enneigement. Malheureusement, cette situation pourrait à terme impacter près d’un quart de la population mondiale.
Un enneigement tardif sur les trois dernières années
Pour rappel, le terme Hindou-Kouch-Himalaya fait référence à une vaste région montagneuse se trouvant en Asie, que l’on surnomme souvent le « château d’eau du monde ». Se composant deux deux chaines de montagnes principales – l’Hindou Kouch et l’Himalaya – cette aire s’étale sur une distance de 3 500 kilomètres, de l’Afghanistan à la Birmanie (Myanmar).
Dans un rapport du 18 avril 2025, l’International Centre for Integrated Mountain Development (ICIMOD) basé au Népal a dressé un constat très inquiétant. Selon les chercheurs, le niveau d’enneigement de l’Hindou-Kouch-Himalaya le plus bas depuis 23 ans a été enregistré au début du printemps 2025.
La situation actuelle est le fait de précipitations plus rares et d’une saison des neiges ayant débuté en janvier 2025, accusant un retard de plusieurs mois, comme ce fut le cas durant les deux années précédentes. Par ailleurs, les autorités ont déjà émis des alertes à la sécheresse.

De nombreuses personnes en proie au manque d’eau
De par son enneigement, l’aire Hindou-Kouch-Himalaya alimente à hauteur de 25% le débit d’une douzaine de grands fleuves prenant leur leur source en altitude. Alors que les bassins versants de certains de ces fleuves comme le Brahmapoutre, le Gange et l’Indus connaissent une couverture neigeuse inférieure à la moyenne, d’autres inquiètent beaucoup plus. En effet, les bassins versants du Mékong et du Salouen accusent une baisse de 50% de leur couverture neigeuse. Ainsi, de nombreuses personnes voient leur approvisionnement en eau menacé, en premier lieu les 240 millions de personnes peuplant les régions montagneuses. Toutefois, la situation pourrait également impacter pas moins de 1,65 milliard de personnes vivant dans certaines vallées de plusieurs pays tels que l’Afghanistan, le Bangladesh, le Bhoutan, la Chine, l’Inde et le Pakistan.
Outre le danger que représente le manque d’approvisionnement en eau, la région devrait subir des retombées économiques négatives. Citons en premier lieu l’énergie hydroélectrique, notamment sur la partie chinoise du Brahmapoutre. Alors que le fleuve voit son débit se réduire, celui-ci devrait dans un avenir proche accueillir le barrage de Motuo qui avec ses 60 GW, sera trois fois plus imposant que le barrage des Trois-Gorges, l’actuel plus gros barrage du monde.
Pour l’ICIMOD, les pays dépendant de l’enneigement de l’Hindou-Kouch-Himalaya devront adopter de nouvelles stratégies de gestion de l’eau et améliorer leur anticipation des épisodes de sécheresse. Les chercheurs estiment que cette quête de résilience passera obligatoirement par la prise de décisions politiques fortes.