Devrait-on hiberner pour vivre mieux et plus longtemps ?

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Les humains pourraient-ils hiberner comme certains mammifères, insectes et les reptiles ? Des experts interrogés dans un magazine scientifique américain n’excluent pas cette possibilité. En revanche, il convient dans un premier temps d’explorer davantage la définition du mot hibernation.

Bien définir l’hibernation

Permettre aux humains de vivre mieux et plus longtemps passerait par la possibilité d’hiberner. Comme l’explique le très sérieux magazine New Scientist dans un article du 11 octobre 2022, la science pourrait rendre la chose faisable. Toutefois, les experts interrogés pour l’occasion estiment qu’il est nécessaire de revoir la définition du mot hibernation. En effet, dans certaines langues, celle-ci inclut la notion de sommeil. Or, selon Vlad Vyazovskiy, professeur de physiologie du sommeil à l’Université d’Oxford (Royaume-Uni), comparer l’hibernation au sommeil revient à comparer des pommes et des oranges. Par ailleurs, il faut savoir que les critères permettant de définir le sommeil sont purement centrés sur l’activité cérébrale tandis que l’hibernation se base quant à elle sur le métabolisme.

Concrètement, l’hibernation relève d’une diminution de l’activité physiologique, cette dernière se traduisant entre autres par une baisse de la température corporelle ainsi que par un ralentissement du métabolisme. En outre, ces changements peuvent varier en intensité selon les périodes d’hibernation et les types d’êtres vivants.

Un neurotransmetteur en lien avec le sommeil

Et s’il était envisageable pour les humains d’hiberner ? Les spécialistes de la question n’excluent pas cette possibilité, mais estiment qu’il faudrait alors se contenter d’une forme d’hibernation de « bas niveau ». Ainsi, il ne sera absolument pas question de se priver d’eau et de nourriture durant la moitié de l’année comme peuvent le faire certains mammifères. Il faut dire que selon certaines recherches, les espèces vivantes capables d’hiberner ont une incroyable faculté à réguler leur organisme et fonctionner en circuit fermé. Cela est rendu possible grâce à la présence d’un neurotransmetteur très particulier : l’adénosine qui est en lien étroit avec le sommeil.

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Il y a une dizaine d’années, des recherches portant sur des écureuils ont montré qu’il était possible de faire varier les niveaux d’adénosine afin de faire entrer ces animaux en hibernation ou de leur en faire sortir. Néanmoins, un élément laisse une importante part d’ombre en termes de compréhension : l’expérience fonctionne seulement en hiver.

Une expérience similaire menée sur des rats a montré que l’augmentation des taux d’adénosine pouvait engendrer une diminution de leur température corporelle. En revanche, les effets habituels de l’hibernation (hypothermie, frissons et stress métabolique) n’avaient alors pas été observés. Ainsi, en permettant l’inversion de la thermorégulation, l’adénosine semble être la clé de l’hibernation. Autrement dit, l’être humain pourrait tenter d’entrer dans cet état en actionnant ce levier. En 2020, une étude grecque suggérait d’ailleurs que les premiers hommes néandertaliens avaient peut-être hiberné durant l’hiver.

Cependant, hiberner ne serait pas seulement un moyen d’échapper à l’hiver, la science ayant également mis en lumière ses vertus anti-âge. En ralentissant le métabolisme, synonyme de préservation, il serait alors possible de vivre plus longtemps et en meilleure santé. Au final, rien ne semble donc impossible.