Un chercheur de l’Université d’Hawaï à Mānoa nous explique pourquoi l’archipel du même nom est considéré comme la capitale du monde de l’arc-en-ciel. Dans son papier, il détaille aussi bien la physique du phénomène que ses influences sur la culture locale. L’article est paru le 26 février dernier dans le Bulletin of American Society.
Si les amateurs d’arcs-en-ciel devaient choisir une destination de rêve, ce serait sans hésitation l’archipel d’Hawaï. En effet, cet ensemble d’îles situées dans le Pacifique subtropical nord est considéré comme la capitale du monde de l’arc-en-ciel. Un titre que l’on doit aussi bien à l’intensité qu’à la fréquence particulièrement élevées du phénomène dans la région.
En raison de sa forte présence, l’arc-en-ciel occupe une place considérable dans la culture hawaïenne. « [Celle-ci] se reflète dans la langue hawaïenne, qui a de nombreux mots et expressions pour décrire les variétés de manifestations observées à Hawaï » note Steven Businger, auteur du papier. À ce titre, les locaux parlent respectivement d’ānuenue pālua, de hakahakaea, de punakea ou encore d’ānuenue kau po en présence d’un arc-en-ciel double, verdâtre, peu visible ou lié à l’éclat de la lune. Il s’agit toutefois de quelques exemples seulement, l’auteur ayant recensé au moins 22 appellations différentes.

Un concours de circonstances pour une explosion de couleurs
Comment expliquer que l’archipel d’Hawaï connaisse une telle profusion de couleurs ? Au départ, la survenue d’un arc-en-ciel dépend bien entendu de la présence simultanée de pluie et de rayons lumineux – retrouvée en régime d’averses. En outre, l’astre solaire ou lunaire ne doit pas se situer trop haut par rapport à l’horizon. Sur un sol plat, l’élévation doit par exemple être inférieure à 42°. Au-delà, le phénomène se confond avec la surface et son observation n’est plus possible depuis le sol.
Mais ce qui fait de l’archipel un endroit particulier est sa position géographique et son relief. En effet, les îles sont éloignées de toute source de pollution et se trouvent exposées aux alizés. En survolant les imposants reliefs volcaniques, l’air est forcé à s’élever du côté situé au vent. Aussi, un régime d’averses semi-permanent affecte la région. Sans ses montagnes, Hawaï connaîtrait un climat bien plus aride. Quant à la grande pureté de l’air, elle permet de générer des couleurs très intenses et élégantes.

Par ailleurs, « la nuit, la surface de la mer chauffe l’atmosphère par le bas, tandis que le rayonnement vers l’espace refroidit le sommet des nuages, ce qui entraîne des averses plus marquées le matin qui amènent des arcs-en-ciel à temps pour le petit-déjeuner » détaille Steven Businger. On parle de chauffage différentiel. Un phénomène analogue se produit le jour lorsque le sol chauffe l’air sus-jacent et entraîne le développement d’averses sur les contreforts. Elles culminent en fin d’après-midi, à un moment de la journée très fécond pour les arcs-en-ciel. Un spectacle fascinant que la nature renouvelle de façon incessante depuis des millénaires !