Des « halos » sur Mars démontreraient que la planète possédait de l’eau depuis bien longtemps

Crédits : NASA/JPL-Caltech

Sur la planète rouge, un substrat rocheux entourant des fractures rocheuses et comprenant une haute concentration de dioxyde de silicium (des « halos ») a été observé dans le cratère Gale. Cette observation pourrait indiquer que la planète possédait de l’eau sous forme liquide depuis bien plus longtemps que l’on ne l’aurait cru auparavant. Cette découverte a été menée par le Laboratoire national de Los Alamos (LANL) et les résultats ont été divulgués aujourd’hui dans le magazine Geophysical Research Letters.

L’auteur de la revue, Jens Frydenvang, scientifique au LANL et à l’Université de Copenhague, a déclaré que « la concentration de silice (forme naturelle de dioxyde de silicium) est très élevée aux centres de ces halos. Ce que nous voyons, c’est que la silice semble avoir migré entre un très vieux socle sédimentaire et des roches plus jeunes et reculées. L’objectif du rover (appareil robotique de la mission Curiosity NASA ayant atterri sur Mars en 2012) avait été de savoir si Mars était habitable par le passé et avec nos résultats, nous avons pu prouver que le cratère Gale possédait autrefois un lac avec de l’eau que nous aurions même pu boire ! En revanche, nous ne savons toujours pas combien de temps cet environnement habitable a persisté. Ce que notre découverte nous montre, c’est que même lorsque le lac s’est évaporé, des quantités d’eaux souterraines considérables étaient présentes depuis bien plus de temps que l’on ne l’aurait cru auparavant. » 

Les images fournies par les caméras du rover Curiosity montrent la présence de « halos » autour de certaines roches. La composition de ceux-ci en silice pourrait-elle prouver une nouvelle fois que Mars abritait la vie ? / Crédits NASA JPL-Caltech

Il faudrait maintenant savoir si cette réserve d’eau souterraine aurait pu abriter la vie. Mais les analyses confirment les résultats récents d’une autre étude menée par le LANL en 2016 qui démontre la présence de bore sur la planète rouge (découverte inédite) et qui pourrait indiquer un potentiel d’eaux souterraines habitables non négligeable à long terme dans le passé.

Pour mener à bien cette étude, les halos ont été analysés grâce au rover en utilisant l’instrument laser ChemCam (développé par le LANL en collaboration avec le Centre National d’Études Spatiales français). Le rover Curiosity a parcouru plus de 16 km en 1700 sols (journées martiennes) sur toute la partie inférieure du cratère Gale jusqu’au mont Sharp, situé au centre du cratère. Les scientifiques récupèrent toutes les données collectées par ChemCam afin de fournir plus d’informations sur l’histoire géologique de la planète rouge.

La silice des halos a été trouvée entre vingt à trente mètres en élévation près d’une couche rocheuse de sédiments d’un ancien lac qui avait lui-même une forte teneur en silice. « Ces observations nous montrent que la silice trouvée dans les halos de roches plus jeunes à proximité était probablement retrouvée dans les anciennes roches sédimentaires avec de l’eau coulant à travers les fractures », ajoute Frydenvang. Certaines des roches contenant les halos ont été déposées par le vent comme des dunes. De telles dunes n’existeraient qu’après la sécheresse du lac. La présence de halos dans les roches formées longtemps après l’évaporation du lac indique que les eaux souterraines coulaient encore dans les roches plus récemment.

Le LANL a mis en ligne une vidéo sur YouTube pour accompagner son étude, la voici :