yeux laser
Crédits : Kesu01/istock

Guérir en moins d’une minute : cette incroyable technique pourrait remplacer la chirurgie laser des yeux pour toujours

Imaginez pouvoir corriger votre vision défaillante en moins d’une minute, sans laser, sans incision, et de manière potentiellement réversible. Ce qui relevait encore récemment de la science-fiction vient de franchir une étape décisive dans les laboratoires américains. Des chercheurs ont mis au point une technique révolutionnaire qui utilise l’électricité pour remodeler la cornée, ouvrant la voie à une alternative prometteuse au LASIK traditionnel.

Le LASIK a-t-il fait son temps ?

Depuis son autorisation en 1999, la chirurgie LASIK a transformé la vie de millions de personnes en leur permettant d’abandonner lunettes et lentilles de contact. Cette intervention corrige les défauts visuels en remodelant la cornée à l’aide d’un laser ultra-précis. Malgré son succès indéniable, cette technique présente certaines limites : douleurs post-opératoires, irritations, et dans de rares cas, une fragilisation de la structure oculaire due aux incisions nécessaires.

C’est précisément pour contourner ces inconvénients que Michael Hill, chimiste à l’Occidental College de Los Angeles, et le Dr Brian Wong, chirurgien à l’UC Irvine, ont imaginé une approche radicalement différente.

L’électricité au service de la vision

Leur innovation repose sur une technique baptisée « remodelage électromécanique » (REM), déjà expérimentée avec succès pour remodeler des oreilles de lapin et modifier des cicatrices cutanées. Le principe est d’une élégance remarquable : plutôt que de découper la cornée, les scientifiques exploitent les propriétés électrochimiques des tissus oculaires.

La cornée, comme de nombreux tissus riches en collagène, est maintenue en forme par des interactions entre composants de charges électriques opposées. Lorsqu’un courant électrique traverse ce tissu gorgé d’eau, il provoque une acidification locale qui rompt temporairement ces attractions. La cornée devient alors malléable, comparable à une pâte à modeler biologique.

Une prouesse technique impressionnante

Pour valider leur hypothèse, les chercheurs ont conçu un dispositif ingénieux : une lentille de contact en platine reproduisant la courbure cornéenne idéale pour corriger un défaut visuel spécifique. Cette lentille est placée sur l’œil dans une solution saline, puis parcourue par un courant électrique contrôlé.

Les résultats obtenus sur douze globes oculaires de lapins dépassent les espérances. En soixante secondes environ – soit la durée d’une intervention LASIK classique – la cornée épouse parfaitement la forme de la lentille correctrice. Une fois l’électricité interrompue et le pH tissulaire rétabli, l’œil conserve sa nouvelle configuration optimale.

yeux laser cornée
L’EMR a aplati cette cornée de lapin, représentée en coupe transversale, de sa forme originale (ligne blanche) à une forme corrigée (ligne jaune). Crédit image : Daniel Kim et Mimi Chen

Des avantages considérables en perspective

Cette approche électrique présente plusieurs atouts majeurs par rapport aux techniques laser actuelles. D’abord, elle évite tout retrait de tissu cornéen, rendant théoriquement l’intervention réversible. Ensuite, elle élimine les risques liés au transfert de chaleur, responsable de certaines complications du LASIK.

L’aspect économique n’est pas négligeable non plus : l’équipement nécessaire au remodelage électromécanique coûterait significativement moins cher que les lasers de haute précision actuels. Cette accessibilité financière pourrait démocratiser la chirurgie corrective pour des populations jusqu’alors exclues de ces soins.

Plus intriguant encore, les chercheurs entrevoient des applications thérapeutiques inédites. Leur méthode pourrait potentiellement traiter l’opacité cornéenne, affection ne pouvant actuellement être soignée que par greffe d’organe.

Le long chemin vers la clinique

Malgré ces résultats encourageants, la prudence reste de mise. Maria Walker, optométriste à l’Université de Houston, souligne que ces premiers tests, bien que prometteurs, ne représentent qu’une première étape. Les effets à long terme demeurent inconnus, et de nombreuses questions restent sans réponse.

Les prochaines phases de développement s’annoncent longues et rigoureuses : expérimentation sur animaux vivants, évaluation spécifique des différents troubles visuels corrigeables, puis essais cliniques humains selon les protocoles réglementaires habituels.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.