Le guépard est dans un état critique…

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Une récente évaluation des populations de guépards en Afrique australe révèle aujourd’hui l’état critique de l’un des félins les plus emblématiques de la planète. Un déclin alarmant qui pousse les chercheurs à demander l’inscription du guépard sur la liste rouge de l’UICN.

En collaboration avec l’initiative Big Cats, du National Geographic, une équipe internationale de 17 chercheurs dirigée par Florian Weise, de la Claws Conservancy, et Varsha Vijay, de l’Université Duke, a récemment fait un point sur les populations de guépards en Afrique australe. Les résultats montrent que des guépards étaient encore présents sur environ 789 700 kilomètres carrés en Namibie, au Botswana, en Afrique du Sud et au Zimbabwe entre 2010 et 2016. L’étude estime qu’il demeure aujourd’hui seulement 3 577 guépards adultes dans cette vaste zone, plus grande que la France. Une évaluation 19 % inférieure à celle de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

« Cet effort collaboratif sonne l’alarme sur l’état des populations de guépards en Afrique australe, mettant en lumière le besoin impératif de protéger ces prédateurs majestueux », note Gary E. Knell, président et chef de la direction de la National Geographic Society. « Le National Geographic Society est fier de soutenir une évaluation aussi complète et des efforts similaires visant à protéger nos espèces les plus précieuses, leurs habitats et la planète que nous appelons notre pays ».

L’un des aspects les plus novateurs de cette recherche a été l’utilisation des observations du grand public. « Pour une espèce très photogénique comme le guépard, l’utilisation de photographies et de vidéos de touristes prises par des touristes est une approche innovante et rentable, en particulier dans les zones protégées bien visitées », note Florian Weise. « C’est la région qui compte la plus grande population de guépards en liberté sur Terre. Il est donc crucial de connaître le nombre de guépards et leur emplacement pour élaborer des plans de gestion de conservation appropriés pour l’espèce » , ajoute Varsha Vijay.

L’étude a non seulement estimé le nombre de guépards dans les zones où les observations ont été confirmées, mais également identifié les endroits où les guépards pourraient vivre mais où ils n’ont pas été observés. Les auteurs ont utilisé des informations sur l’habitat des guépards et les densités humaines et animales pour identifier une zone de présence possible du félin quasiment aussi importante que l’aire de répartition actuellement confirmée.

L’étude confirme par ailleurs que le statut des guépards sur les terres privées est un problème urgent à résoudre. Les chercheurs ont constaté que seulement 18,4 % de l’aire de répartition des guépards se trouvent dans des aires protégées reconnues internationalement. La Namibie en est un exemple, avec une grande partie de la distribution de guépards qui se chevauche avec les zones d’élevage et de production de gibier.

Des entretiens avec des agriculteurs partageant leurs terres avec des guépards ont également montré que près de la moitié des personnes interrogées considéraient les guépards comme une source de conflit (49,7 %), tandis que seulement une minorité d’agriculteurs (26,5 %) persécutent activement ces espèces. Suffisant pour anéantir l’espèce, note l’étude, surtout lorsque les conditions de reproduction ne sont pas optimales.

« L’avenir du guépard repose en grande partie sur les fermiers qui accueillent ces grands félins sur leurs terres, supportant le coût le plus élevé de la coexistence », résume Florian Weise. Au vu de ces résultats, les chercheurs appellent donc l’UICN à considérer le guépard non plus comme une espèce « vulnérable », mais bien « en voie de disparition ». Cette étape permettrait de sensibiliser la population à la situation précaire du guépard et d’ouvrir davantage de voies pour financer les efforts de conservation et de surveillance de la population.

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