Cova dels Xaragalls (Grotte des Ravins)
Crédits : Antonio Rodríguez-Hidalgo, Instituto de Arqueología de Mérida

Nos ancêtres ont utilisé cette grotte comme lieu de sépulture pendant 4000 ans

La Cova dels Xaragalls, nichée dans les montagnes à environ 90 kilomètres à l’ouest de Barcelone, en Espagne, se révèle être un témoignage remarquable des pratiques funéraires anciennes et couvre une période étendue de près de quatre millénaires. Cette grotte, utilisée depuis l’aube du Néolithique jusqu’à la fin de l’âge du Bronze (et potentiellement avant par les Néandertaliens), offre un aperçu unique de l’évolution sociale, culturelle et rituelle de nos ancêtres.

Un site funéraire millénaire

Depuis plusieurs années, des anthropologues de l’Institut catalan de paléoécologie humaine et d’évolution sociale (IPHES) et de l’Institut d’archéologie de Mérida mènent des travaux dans la Cova dels Xaragalls (Grotte des Ravins). Ces recherches, qui incluent analyses d’ADN ancien, des études paléoanthropologiques ou encore l’analyse d’objets funéraires, continuent de révéler des détails sur la complexité des sociétés qui ont fréquenté les lieux.

Depuis au moins 7 000 ans, cette grotte aurait notamment servi de lieu de sépulture collectif où les anciens habitants du nord-est de l’Espagne enterraient leurs morts. Cette utilisation prolongée s’étend du Néolithique à l’âge du Bronze. Antonio Rodríguez-Hidalgo, de l’IPHES, souligne l’importance du site comme témoignage des pratiques funéraires collectives de ces périodes.

La grotte révèle en effet un tableau complexe et évolutif de ces rituels. Les sépultures communes, typiques de la période néolithique, démontrent une pratique d’inhumation sans distinction apparente de statut social. Toutefois, avec le temps, notamment au Chalcolithique et à l’âge du Bronze, les pratiques semblent avoir évolué vers des sépultures individuelles pour les individus de haut rang, souvent accompagnées d’objets funéraires riches comme des céramiques, des outils en silex, des colliers et même des armes.

Ces artefacts soulignent une stratification sociale croissante et offrent des indices sur les croyances, les valeurs et les structures sociales de ces populations.

Cova dels Xaragalls (Grotte des Ravins)
Les archéologues ont trouvé ce poignard en bronze parmi les objets funéraires d’une des sépultures de l’âge du bronze dans la grotte. Crédits : Antonio Rodríguez-Hidalgo, Instituto de Arqueología de Mérida

Des traces de trépanation trouvées dans la grotte

Parmi les découvertes fascinantes de la grotte figure un crâne datant de l’âge du Bronze qui montre des signes de trépanation, une procédure chirurgicale consistant à percer le crâne. Cet individu, qui semble avoir souffert de multiples affections, n’aurait pas survécu à l’intervention, comme en témoigne l’absence de régénération osseuse autour de la perforation.

Cette découverte offre un aperçu rare des pratiques médicales ou rituelles à l’époque. Elle souligne également les connaissances et les croyances autour de la santé et de la maladie dans les sociétés anciennes.

Un lien potentiel avec les Néandertaliens

Des fouilles récentes ont mis au jour des éléments datant de plus de 45 000 ans, notamment du charbon de bois et des ossements de chèvres sauvages, suggérant que la grotte était par ailleurs utilisée bien avant l’époque des humains modernes, possiblement par les Néandertaliens. Cette hypothèse ouvre ainsi de nouvelles perspectives sur l’utilisation de la grotte et sur les interactions entre les Néandertaliens et les Homo sapiens. Cela illustre également la continuité, ou du moins la récurrence, de l’importance de la grotte comme site funéraire à travers différentes périodes et cultures.

De manière générale, cette grotte constitue donc un site d’une valeur inestimable pour les chercheurs qui s’intéressent à l’évolution des coutumes funéraires. Chaque sépulture, méticuleusement séparée, reflète un profond respect pour les morts et indique que les personnes transportaient les corps sur des distances significatives pour les enterrer dans ce lieu spécial. Cette pratique souligne un aspect commun à travers les âges : le respect et le soin accordés aux morts, indépendamment des croyances ou des statuts sociaux spécifiques.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.