En Sibérie, des chercheurs ont analysé ce qu’ils considèrent comme le plus grand repaire de hyènes jamais découvert en Asie. La grotte, préservée depuis environ 42 000 ans, contenait des ossements de plusieurs proies. Elle contenait aussi les os et les dents de bébés hyènes, suggérant que ces prédateurs y élevaient leurs petits.
Un repère de hyènes des cavernes
Les habitants de Khakassie, une république du sud de la Sibérie, ont découvert cette grotte il y a environ cinq ans. Cependant, les paléontologues n’ont pu l’explorer que récemment en raison de l’éloignement de la région. Sur place, les chercheurs ont collecté environ 400 kg d’os, dont certains appartenaient à des mammouths, des rhinocéros ou des ours. Ils ont également identifié deux crânes complets de hyènes des cavernes. Les paléontologues soupçonnent qu’elles vivaient dans la grotte dans la mesure où les os présentaient des marques de rongement compatibles avec leurs crocs.
« Par ailleurs, nous avons aussi rencontré une série d’os dans l’ordre anatomique. Par exemple, chez les rhinocéros, les os du cubitus et du radius sont encore ensemble« , détaille Dmitry Gimranov, chercheur à la branche de l’Oural de l’Académie russe des sciences. « Cela suggère que les hyènes ont traîné des parties des carcasses dans la tanière« .
Les chercheurs ont également trouvé des os de bébés hyènes, indiquant qu’ils ont été élevés dans la grotte. « Nous avons même trouvé un crâne entier d’une jeune [hyène], ainsi que de nombreuses mâchoires inférieures et des dents de lait« , poursuit le paléontologue.
De grands prédateurs
Pour rappel, les hyènes des cavernes (Crocuta crocuta spelaea) ont vécu pendant la période du Pléistocène. Elles sont étroitement apparentées aux hyènes actuelles. En revanche, elles étaient beaucoup plus grandes et avaient des adaptations spécifiques pour vivre dans des environnements froids.
Physiquement, ces prédateurs mesuraient environ 1,5 m de longueur et pesaient jusqu’à cent kilogrammes. Tout comme les hyènes modernes, leurs mâchoires étaient puissantes et elles possédaient des dents robustes adaptées pour broyer les os. On pense qu’elles utilisaient les grottes comme des repaires pour se reposer, élever leurs petits et stocker de la nourriture.
Comme beaucoup d’autres grands animaux de la dernière période glaciaire, les hyènes des cavernes ont probablement disparu en raison des changements climatiques et de la concurrence avec les humains modernes.
Quant à ces « nouveaux » ossements vieux de 42 000 ans, ils seront bientôt analysés plus en profondeur dans un laboratoire spécialisé. Les données collectées pourraient renseigner les chercheurs sur la flore et la faune de cette époque ou encore permettre de préciser le régime alimentaire de ces hyènes. Les chercheurs glaneront aussi des informations importantes à partir des coprolithes (excréments fossilisés) isolés dans la grotte.