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Gros plans sur les mini-lunes de Saturne

Crédits : NASA/JPL-Caltech/Space Science Institute

Nous connaissons bien Titan, ou Encelade, les deux plus grandes lunes de Saturne. Mais la belle aux anneaux abrite une collection d’objets plus petits et plus discrets. Cassini, de passage dans le coin il y a deux ans, a pu en étudier quelques-uns.

Pan, Daphnis, Atlas, Pandora et Épiméthée… Vos connaissances en mythologie mises à part, ces noms vous évoquent-ils quelque chose ? Il s’agit de lunes, moins connues que les Titan, Encelade, et autres Dioné et Mimas. Et pour cause, ces corps sont minuscules et mesurent chacun entre huit et 116 kilomètres de diamètre seulement. Mais aussi discrets soient-ils, la sonde Cassini, de passage dans le système de Saturne il y a quelques années, a tout de même pris le temps de les étudier. Ce jeudi, la NASA a partagé quelques-unes de ses découvertes dans la revue Science.

Collision cosmique

Au cours de sa dernière année d’activité, la sonde s’est insérée entre les anneaux de Saturne, pour la toute première fois dans l’histoire de l’humanité. Les données recueillies ont permis d’en apprendre davantage sur les anneaux en eux-mêmes, mais également sur les petits satellites qui les composent. Nous savons désormais, par exemple, que les anneaux et les lunes de Saturne sont issus du même corps céleste, qui s’est probablement brisé à la suite d’une collision. Pan, Daphnis, Atlas, Pandora et Épiméthée se présentent alors comme les vestiges de cet ancien accident cosmique.

« Les plus gros fragments sont devenus le cœur de ces lunes, explique Bonnie Buratti, du Jet Propulsion Laboratory de la NASA. Ce qui s’est passé ensuite, c’est que les lunes ont continué à accumuler des particules dans les anneaux ». Et forcément, au bout du compte, ça donne des lunes aux formes étranges. Pan, par exemple, qui mesure 8 km de large, présente quelques rainures distinctives sur sa surface et une crête équatoriale bombée rappelant une sorte de tutu. Daphnis, de son côté, semble également porter une sorte de « jupe » autour de son équateur.

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Pan, Daphnis, Atlas, Pandora et Épiméthée.
Crédits : NASA/JPL-Caltech/Institut des sciences de l’espace/BJ Buratti et al., 2019/Science

Les couleurs sont également étranges, même si l’on ne s’en rend pas compte sur les photos. Pan, par exemple, semble tirer vers le rouge, ce qui n’a pas manqué de surprendre les chercheurs. Ces derniers suggèrent que la lune pourrait avoir « accumulé des particules annulaires ». La surface de Pan, en d’autres termes, pourrait être composée de chromophores rouges, un mélange de matières organiques et de fer. Ces particules pourraient également interagir avec la vapeur d’eau provenant de panaches volcaniques observés sur Encelade.

« Les résultats de cet article nous aident à mieux comprendre l’interaction cosmique complexe à l’œuvre dans le système saturnien, explique Tanya Harrison, de l’Arizona State University. Les lunes, les particules annulaires et même Saturne elle-même interagissent pour créer des mondes et des environnements uniques dans notre système solaire ».

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Brice Louvet, expert espace et sciences

Rédigé par Brice Louvet, expert espace et sciences

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.