Si vous n’aimez pas votre gros nez, blâmez Neandertal

nez Neandertal
Crédits : Ollyy

De nouvelles recherches suggèrent que certains gènes responsables de l’augmentation de la longueur du nez peuvent être retracés jusqu’aux ​​néandertaliens. Nos anciens cousins pourraient en effet avoir développé de grands nez pour faire face au climat froid de l’Eurasie, avant de transmettre les gènes concernés aux humains modernes lorsque les deux espèces se sont croisées. Les détails de ces travaux sont publiés dans la revue Communications Biology.

Le séquençage du génome des néandertaliens il y a une quinzaine d’années nous a également permis de constater que nos ancêtres se sont croisés avec eux après avoir quitté l’Afrique il y a environ 200 000 ans. De nos jours, environ 1,5 % de l’ADN des personnes d’ascendance européenne, environ 1,7% de l’ADN des personnes d’ascendance asiatique et même 0,3% de l’ADN des personnes d’ascendance africaine auraient en effet été transmis par Neandertal.

Nous savons que certains de ces gènes jouent un rôle dans le système immunitaire et la sensibilité à la lumière ultraviolette. Une étude récemment publiée suggère également que la présence de gènes de Neandertal dans le génome humain moderne pourrait aussi compromettre la capacité de certains individus à métaboliser des médicaments courants, mais ce n’est pas tout. D’après de nouveaux travaux, une partie de l’ADN hérité des Néandertaliens influence en effet la forme de nos visages, et notamment notre nez.

Merci la sélection naturelle

Si vous comparez des crânes humains et néandertaliens, les premières choses qui vous frappent sont les différences visibles au niveau du nez. Nos cousins en avaient un nettement plus grand, comme en témoigne la distance entre le nasion (où le haut du nez rencontre le front) et le philtrum. Cependant, vous remarquerez également que certains humains modernes développent eux aussi des nez proéminents.

nez Neandertal
Différences de crâne entre Homo Sapiens et Neandertal. Crédits : Dr Kaustubh Adhikari, UCL

Pour comprendre comment nos gènes influencent notre hauteur nasale, une équipe a examiné l’ADN de plus de 6 000 personnes originaires d’Amérique latine. En croisant ces informations génétiques avec des images des visages des participants, les auteurs ont pu identifier trente-trois régions du génome associées à la forme du visage.

Des analyses de suivi ont ensuite révélé que vingt-six de ces régions ont été répliquées dans des cohortes distinctes d’Europe, d’Afrique et d’Asie. Or, l’une de ces régions génétiques appelée 1q32.3, associée à une hauteur nasale accrue, serait le résultat de l’introgression des Néandertaliens. Pour rappel, une introgression est un processus biologique par lequel un gène d’une espèce est introduit dans une autre espèce à la suite d’un croisement.

Cela étant dit, un gène en particulier connu sous le nom de gène ATF3 s’est avéré avoir évolué en raison de la sélection naturelle. En d’autres termes, ceux avec des nez plus longs auraient peut-être eu plus de chances de transmettre leurs gènes, ces derniers étant plus susceptibles de faire face au climat froid de l’Eurasie. On a longtemps spéculé que la forme de notre nez était déterminée par la sélection naturelle. Notre nez peut en effet nous aider à réguler la température et l’humidité de l’air que nous respirons par exemple. Ici, le gène des Néandertaliens pourrait avoir aidé les humains modernes à s’adapter aux climats plus froids alors qu’ils quittaient l’Afrique.