Identifié pour la première fois dans la nature il y a plus d’une vingtaine d’années, le grolar est un ours hybride particulièrement dangereux. Inquiétant, ce superprédateur symbolise lui seul les profondes mutations environnementales en cours dans l’Arctique.
Des caractéristiques impressionnantes
Le terme grolar, à ne pas confondre avec le terme injurieux gros lard, désigne un animal issu de l’hybridation entre un ours polaire et un grizzli. Appelle également pizzly ou grizzours, le grolar a été observé pour la toute première fois en captivité au parc zoologique de Thoiry (France) dans les années 1970. Dans la nature, la première observation de cet animal remonte aux années 2000. Jugée encore assez rare, cette hybridation est toutefois très préoccupante en Arctique. Dans un dossier complet publié en 2014, le média ICI Radio Canada avait largement exploré le sujet.
Tout débute au Canada il y a plus de vingt ans lorsqu’un chasseur repère un ours à l’allure étrange. Des analyses ADN ont ensuite permis de découvrir que l’animal en question était un hybride. Depuis, plusieurs cas ont été confirmés sur l’archipel arctique canadien, dont l’île Banks et l’île Victoria. Or, si cette hybridation reste peu commune, elle semble augmenter en fréquence. En effet, les ours polaires repoussés par la fonte des glaces ont tendance à se rapprocher de l’habitat des grizzlis. Selon des études plus récentes, les grizzlis ont également pris l’habitude de s’aventurer à des latitudes plus nordiques (jusqu’à 72 degrés de latitude nord) à la faveur du réchauffement climatique. Les deux espèces ont donc aujourd’hui beaucoup plus d’occasions de se rencontrer.
Les caractéristiques physiques de l’ours hybride grolar sont impressionnantes. En se dressant sur ses pattes arrière, il peut en effet atteindre 2,4 mètres de long pour une masse comprise entre 300 et 400 kg. Le crâne et les pattes de l’animal, empruntés aux deux espèces, sont longs et robustes. Ainsi, le grolar est un prédateur redoutable sur terre, mais pas seulement. En effet, l’animal est capable de parcourir une cinquantaine de kilomètres dans l’eau sans se fatiguer. Il s’avère que le grolar combine les instincts de chasse des grizzlis et des ours polaires, les premiers chassant le caribou et pêchant le saumon et les seconds capturant des phoques à même la glace.
Une gestion difficile
Évidemment, son hybridité interroge énormément sur le plan de la conservation des espèces et plus largement de la protection des écosystèmes. En tant que superprédateur, le grolar pourrait à terme remplacer les ours polaires dans certaines zones dans une proportion encore inconnue. Par ailleurs, les dangers pour les êtres humains ne sont pas à négliger. Toute rencontre peut être fatale, d’autant que ces animaux ne sont pas farouches.
Enfin, certaines recherches ont permis de comprendre que des grolars de deuxième et troisième générations existent déjà et qu’ils présentent des adaptations aux changements d’environnement. De plus, leur gestion est assez compliquée, notamment sur le plan juridique, et un consensus entre préservation et contrôle peine à faire son apparition, principalement en Alaska et au Canada.