Une nouvelle étude soutient que quoi que nous fassions désormais, la calotte du Groenland continuera à perdre de la masse durant les prochains siècles en réponse au réchauffement climatique déjà observé. Les résultats ont été publiés dans la revue scientifique PLOS ONE le 10 janvier dernier.
L’inertie avec laquelle les calottes polaires répondent aux variations du climat leur impose des constantes de temps allant de la décennie au millénaire. De fait, même si nous arrivions à limiter la hausse des températures au cours des prochaines décennies, la perte de masse des inlandsis du Groenland et de l’Antarctique se poursuivrait encore pendant un certain temps.
Dans une nouvelle étude, un groupe de scientifiques soutient à ce titre que le réchauffement observé depuis 1850 continuera d’influencer la calotte du Groenland pendant plusieurs siècles, voire millénaires. En effet, l’inlandsis n’est pas en équilibre avec le climat actuel et une certaine fonte est d’ores et déjà actée, quoi que nous fassions. Néanmoins, ne nous y trompons pas : plus les efforts pour limiter le changement climatique seront grands, plus cette part d’irréversibilité sera faible.
Calotte glaciaire du Groenland et variations climatiques : illustration d’une réponse décalée dans le temps
Les simulations effectuées par les chercheurs couvrent les 125 000 dernières années et illustrent le décalage temporel entre les variations du climat et le retour à l’équilibre pour la calotte. « Les volumes de glace maximum et minimum vers -18 000 / -17000 ans et -6000 / -5000 ans suivent les extrêmes respectifs du climat de plusieurs milliers d’années, ce qui implique que la réponse des glaces du Groenland est fortement en retard sur les changements climatiques », rapporte l’étude dans son résumé. Ces modélisations paléoclimatiques confirment et appuient l’idée d’une irréversibilité du même type pour les changements actuels.
En outre, ce décalage se projette sur l’élévation du niveau des mers qui continuera également à se poursuivre pendant plusieurs siècles ou millénaires après la stabilisation du climat. Ainsi, bien que la réponse de la calotte démarre peu de temps après que ce dernier ait commencé à changer, sa mise à l’équilibre se joue sur des temps beaucoup plus longs. Parmi les divers processus en jeu, citons la lente pénétration des variations thermiques dans les multiples couches constitutives de l’inlandsis.
Sur l’animation présentée ci-dessus, on peut voir l’épaisseur des glaces (à gauche, en mètres) et la vitesse à laquelle celles-ci s’écoulent vers l’océan sous l’effet de leur propre poids (à droite, en mètres par an). Comme des rivières, les glaciers émissaires canalisent le mouvement de la glace jusqu’à l’océan. Sur le diagramme du bas, on retrouve l’évolution du volume des glaces (courbe bleue) et celle de la température (courbe multicolore) déduite du rapport isotopique des glaces en oxygène-18. Notez les diverses fluctuations survenues depuis le dernier interglaciaire, il y a 125 000 ans.