Une masse de glace de 113km2 vient de se détacher de la plus grande plate-forme de glace de l’Arctique, située au Groenland. La conséquence directe, estiment les chercheurs, des températures anormalement chaudes essuyées dans la région au cours de ces dernières semaines.
Depuis plusieurs décennies, le Groenland fond à un rythme accéléré. L’année dernière fut d’ailleurs une année record, avec plus de 530 milliards de tonnes métriques de glace perdues en l’espace de quelques mois seulement. De quoi noyer la Californie sous 1,25 m d’eau. D’après une récente étude, la situation est telle que les glaciers du Groenland auraient dépassé le point de non-retour. Autrement dit, la neige censée reconstituer la calotte glaciaire chaque année ne permet plus de combler la perte de glace écoulée dans l’océan.
Cause directe de cette fonte accélérée de la calotte glaciaire : le réchauffement climatique. La région a en effet connu une hausse des températures de plus de près de trois degrés Celsius par rapport à la fin du 19e siècle. C’est environ le double du taux de réchauffement moyen mondial. En parallèle, la glace qui vient lécher l’océan se retrouve également exposée à des températures de l’eau plus chaudes.
Un énorme glaçon se détache
Plus récemment, des chercheurs de l’Institut géologique du Danemark et du Groenland (GEUS) ont enregistré un nouvel événement qui témoigne, encore une fois, de la fragilité du Groenland. Une énorme masse de glace de 113km2 s’est en effet libérée du glacier 79 N, une gigantesque plate-forme du nord-est du territoire arctique, qui débouche dans le « fjord 79″(« Nioghalvfjerdsfjorden »). En témoignent ces nouvelles images satellites :
Vers une hausse accélérée du niveau de la mer
D’après Jason Box, professeur de glaciologie au GEUS, il est normal qu’un glacier relâche de temps à autre des icebergs, mais pas d’immenses plates-formes gelées de cette taille. Depuis 1999, la calotte de glace du glacier 79 N aurait perdu 160 km2. À titre de comparaison, cela correspond à une superficie presque deux fois plus importante que celle de l’île de Manhattan. Et ce n’est pas fini.
«Si les étés chauds comme ceux que nous avons observés ces deux dernières années se multiplient, ils vont contribuer davantage encore à l’accélération de l’élévation du niveau de la mer à l’échelle mondiale», souligne en effet Jason Box.
Pour rappel, la fonte de la calotte glaciaire du Groenland a entraîné une hausse du niveau des océans d’1,1 centimètre depuis 1992. Récemment, des chercheurs de l’Université de Lincoln (Royaume-Uni) ont également estimé que la diminution des surfaces gelées au Groenland devrait contribuer à hauteur de 10 à 12 cm à la hausse du niveau des mers d’ici 2100.