Alors qu’une nouvelle version de la grippe aviaire se propageait en Amérique du Nord il y a plusieurs semaines, des chercheurs ont commencé à isoler le virus chez les renards roux, les lynx roux et d’autres mammifères. Pour l’heure, les rapports ne sont que ponctuels, mais la situation est à surveiller.
La Dane County Humane Society, dans le Wisconsin, a commencé à recevoir des appels dès le mois d’avril dernier. Au bout du fil, des habitants de la région rapportaient le comportement étrange de renards, certains adultes et d’autres plus jeunes. D’après les rapports, les animaux tremblaient et luttaient pour se tenir debout. Les renards, souvent léthargiques et errants seuls, semblaient également inhabituellement faciles à approcher.
Puis, très vite, des renards ont commencé à arriver au centre, la plupart souffrant de convulsions avant de succomber. Les premières analyses ont exclu la rage et d’autres causes potentielles. Finalement, des tests en laboratoire ont révélé un coupable beaucoup plus surprenant : une souche hautement virulente de la grippe aviaire.
Plusieurs espèces touchées
Le virus, un type de grippe aviaire connu sous le nom de H5N1 eurasien, s’est propagé à travers l’Europe, l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie l’année dernière. L’agent pathogène s’est ensuite frayé un chemin en Amérique du Nord à la faveur des oiseaux migrateurs, forçant l’abattage de centaines de troupeaux de volailles d’élevage dans trente-six États.
Cette version du virus semble également faire des ravages plus importants sur les oiseaux sauvages que les lignées précédentes. Canards, oies, goélands et autres sternes, de nombreuses espèces ont été touchées. Le virus aurait ensuite infecté les mammifères se nourrissant de ces oiseaux, y compris les renards roux sauvages.
Au moins sept États américains ont détecté le virus chez des renards. Deux lynx dans le Wisconsin, un bébé coyote dans le Michigan et plusieurs mouffettes au Canada ont également été testés positifs, tout comme des renards, des loutres, un lynx, un putois et un blaireau en Europe.
Notez que deux cas humains ont également été signalés (un aux États-Unis et un en Grande-Bretagne), tous deux chez des personnes ayant été en contact étroit avec des oiseaux.

Les mammifères, toujours une impasse
Jusqu’à présent, le virus semble faire des dégâts plus importants sur les plus jeunes renards, probablement parce que ces derniers n’ont pas encore de système immunitaire complètement développé. Cependant, le taux global d’infection et de mortalité reste encore inconnu tant les rapports sont anecdotiques.
Bien qu’il soit possible que le virus ait évolué de manière à mieux infecter les mammifères, les experts notent que l’explication la plus probable à cette augmentation soudaine du nombre de mammifères infectés est que cette lignée infecte un nombre énorme d’oiseaux sauvages, ce qui augmente ensuite les probabilités que les charognards puissent tomber dessus.
Jusqu’à présent, le virus ne semble pas non plus entraîner suffisamment de maladies ou de décès chez les mammifères sauvages pouvant mettre ces espèces en danger. Et nous n’avons pour l’heure aucune preuve de transmission soutenue de mammifère à mammifère. « Il s’agit toujours d’un virus aviaire« , note Richard Webby, virologue de la grippe au St Jude Children’s Research Hospital de Memphis. Et les mammifères sont généralement considérés comme des impasses pour ces virus.
Cependant, le pouvoir de l’évolution ne doit pas être sous-estimé. Plus le virus infectera de mammifères, plus il aura d’opportunités de détecter de nouvelles mutations susceptibles de l’aider à se propager parmi les renards, les lynx roux ou même les humains.