chirurgie transplantation greffon greffe rein de porc et pompe cardiaque
Crédits : NYU Langone Health/Robert Montgomery et coll. 2024.

Grande première : une greffe de rein de porc et de pompe cardiaque réussie

Une femme âgée de 54 ans souffrant d’une insuffisance cardiaque et d’une maladie rénale en phase terminale vient d’ailleurs de subir une procédure combinée réussie au cours de laquelle lui ont été transplantés une pompe cardiaque ainsi qu’un organe génétiquement génétiquement modifié. Grâce à cette chirurgie de la dernière chance, elle est ainsi devenue le second patient vivant à avoir reçu une greffe de rein de porc, preuve que la médecine moderne ne cesse de progresser.

Une patiente en attente d’une greffe de rein et d’une opération du coeur

Avant cette double procédure qui a changé sa vie, Lisa Pisano était atteinte d’une insuffisance rénale incurable ainsi que d’une insuffisance cardiaque sévère et devait subir quotidiennement des dialyses pour survivre. Du fait de ces deux maladies graves compliquées d’autant plus par un diabète, cette grand-mère de 54 ans ne pouvait pas prétendre à une transplantation classique du fait du manque de greffons et du risque élevé que l’opération ne fonctionne pas.

Aussi, lorsque les docteurs du centre médical NYU Langone lui proposèrent une greffe de rein de porc, elle n’attendit pas longtemps avant d’accepter. « J’avais tout essayé […], donc quand cette opportunité s’est présentée, j’ai dit que j’allais en tirer profit […] J’ai dit, au pire, si cela ne marche pas, cela pourrait marcher pour la prochaine personne », explique la patiente qui rappelle tristement qu’elle ne pouvait même plus monter les escaliers, conduire, ni même jouer avec ses petits-enfants. « J’étais au bout du rouleau », ajoute-t-elle.

Une procédure combinée audacieuse permet une greffe de rein de porc

Cette femme a toutefois aujourd’hui retrouvé le sourire. Au cours d’une intervention le 4 avril dernier, des chirurgiens menés par le Dr Nader Moazami lui ont en effet greffé une assistance circulatoire gauche ou LVAD (Left Ventricular Assist Device), une pompe implantable branchée sur le cœur. Peu de temps après, le 12 avril, une autre équipe a ensuite entrepris de lui transplanter un rein de porc génétiquement modifié avec succès sous la houlette du Dr Robert Montgomery qui avait déjà réalisé la toute première transplantation mondiale d’organe animal modifié génétiquement en septembre 2021.

C’était finalement la deuxième fois qu’un tel organe était transplanté sur un patient vivant et la première fois que les chirurgiens transplantaient également le thymus du porc pour aider à limiter le rejet du greffon. C’est aussi la première fois que  des médecins envisageaient une double intervention de ce type pour soigner en même temps deux maladies graves pouvant être fatales.

« Elle récupère très bien », exulte le Dr Montgomery. « Il est incroyable de repenser aux réalisations scientifiques qui nous ont menés à pouvoir sauver la vie de Lisa et ce que nous nous efforçons de faire en tant que société pour toutes les personnes qui ont besoin d’un organe pour survivre. »

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Crédits : NYU Langone Health/Robert Montgomery et coll. 2024.

Les xénogreffes, un espoir pour tous les patients en attente d’une transplantation

Au cours d’une xénogreffe (dite aussi xénotransplantation), les médecins transplantent le greffon d’un donneur (par exemple un organe) à une espèce biologique différente de la sienne. Néanmoins, le problème des greffes de l’animal vers l’humain est que le système immunitaire du receveur peut rejeter le greffon et faire ainsi échouer l’intervention. C’est la raison pour laquelle les scientifiques doivent modifier génétiquement le greffon pour qu’il se rapproche au maximum des organes humains et devienne ainsi compatible. Ici, une seule modification fut en outre suffisante pour assurer le succès de l’opération, contre plusieurs par le passé.

Pour le Dr Montgomery, cette percée est essentielle pour nous rapprocher du jour où il ne faudra plus attendre qu’une personne meure pour qu’une autre puisse vivre grâce à ses organes. « En utilisant des porcs avec une seule modification génétique, nous pouvons mieux comprendre le rôle qu’un simple changement dans le génome peut apporter pour transformer la xénotransplantation en alternative viable », explique-t-il dans un communiqué de presse. « Étant donné que ces porcs peuvent être élevés et ne nécessitent pas de manipulations des gènes plus complexes […], il s’agit d’une solution durable et évolutive face à la pénurie d’organes. Si nous voulons commencer à sauver plus de vies rapidement, utiliser moins de modifications et de médicaments sera la solution. »

Des recherches importantes

Ces avancées dans le domaine des transplantations sont cruciales à l’heure où la pénurie d’organes, liée notamment à la baisse du nombre de décès des suites d’accidents de la route et à une hausse des refus du don d’organe, reste très élevée. Aujourd’hui en France, 21 866 patients sont en attente d’une greffe et dans 90 % des cas, l’organe salvateur provient d’un donneur décédé. Ces procédures permettent en outre de sauver 57 000 personnes chaque année. Trouver des alternatives rapides et viables telles que la xénogreffe pourrait toutefois permettre de sauver encore plus de patients gravement malades.

Julie Durand

Rédigé par Julie Durand

Autrefois enseignante, j'aime toujours autant partager mes connaissances et mes passions avec les autres. Je suis notamment passionnée par la nature et les technologies, mais aussi intriguée par les mystères nichés dans notre Univers. Ce sont donc des thèmes que j'ai plaisir à explorer sur Sciencepost à travers les articles que je rédige, mais aussi ceux que je corrige.