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Greffe d’organe : et si les patients transplantés recevaient certains souvenirs ?

Certains organes pourraient être transplantés avec des bribes de mémoire de leurs anciens propriétaires. Ce sujet aussi étonnant que farfelu occupe ainsi certains scientifiques depuis une vingtaine d’années.

Des cas très étranges après une greffe

Depuis quelque temps, le principal sujet préoccupant en matière de greffe d’organe concerne la possibilité de mettre au point des organes dits universels, c’est-à-dire non soumis aux groupes sanguins des donneurs et receveurs. Toutefois, il existe un autre champ de recherche assez méconnu dans ce domaine, à savoir l’éventualité que les greffes d’organes (plus précisément les greffes de cœur) s’accompagnent d’un transfert de mémoire en provenance des anciens propriétaires.

Rappelons tout d’abord qu’assez régulièrement, des personnes ayant reçu une greffe de cœur déclarent ressentir des émotions, des goûts et même des souvenirs qui sont associés à ceux des donneurs. Cette notion semble complètement insensée à première vue, mais il s’avère que ces témoignages préoccupent certains chercheurs depuis plusieurs années.

Une équipe de l’Université du roi Abdulaziz (Arabie Saoudite) s’est penchée sur cette question et les détails de leurs travaux ont été publiés dans la revue Cureus en avril 2024. Plusieurs cas ont ainsi été explorés, comme celui d’un patient greffé nouvellement atteint par une phobie de l’eau après que le donneur ait trouvé la mort suite à une noyade.

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Crédits : Alena Butusava / iStock

Plusieurs hypothèses pour expliquer le phénomène

L’étude fait écho à une autre publication, datant cette fois de 2002 dans le Journal of Near-Death Studies. À l’époque, les chercheurs américains décrivaient le cas d’une femme greffée qui avait subitement développé une curieuse appétence pour les nuggets de poulet. Or, il avait été prouvé que le donneur appréciait ce mets. Des traces avaient même été retrouvées dans son estomac après sa mort. Pourtant, la patiente n’était pas vraiment une adepte des fast-foods avant la transplantation. Elle faisait même plutôt attention à sa ligne et à sa santé.

Après avoir exploré des témoignages plus récents, les chercheurs saoudiens ont formulé quatre principales hypothèses pour expliquer ces cas :

-La première concerne la mémoire cellulaire, c’est-à-dire le stockage éventuel de souvenirs dans certaines cellules ou réseaux de cellules. Cela pose la question de la possibilité que les informations des cellules du donneur aient influencé la configuration de celles du receveur.

-Les autres hypothèses sont relatives à de possibles modifications épigénétiques, des interactions énergétiques ou encore un potentiel rôle du système nerveux intracardiaque (ou petit cerveau du cœur).

-Enfin, une dernière hypothèse peut être formulée, à savoir celle du ressort psychologique. Pour les auteurs de l’étude, la transplantation cardiaque peut impliquer le transfert des traits de personnalité et des souvenirs du donneur au receveur, en jouant notamment sur la mémoire et l’identité.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.