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Attente de greffe : le cœur d’une femme stabilisé grâce aux cellules souches

L’insuffisance cardiaque est une maladie grave qui touche des millions de personnes en France et dans le monde. Lorsqu’un cœur est trop endommagé pour assurer efficacement la circulation sanguine, la seule solution durable est souvent une transplantation. Or, le nombre de greffons disponibles reste bien inférieur aux besoins des patients. Une avancée scientifique récente apporte toutefois un nouvel espoir : l’utilisation de cellules souches pour régénérer le muscle cardiaque. Une première patiente a pu être maintenue en vie grâce à cette technologie innovante qui pourrait transformer la prise en charge des insuffisances cardiaques sévères.

Un enjeu médical majeur : l’insuffisance cardiaque

L’insuffisance cardiaque se produit lorsque le cœur ne parvient plus à pomper suffisamment de sang pour répondre aux besoins de l’organisme. Elle peut survenir après un infarctus du myocarde, en raison d’une maladie chronique ou d’un vieillissement du muscle cardiaque. En France, environ 1,5 million de personnes en souffrent et chaque année, 200 000 nouveaux cas sont diagnostiqués. Cette pathologie représente un problème de santé publique majeur qui entraîne des hospitalisations fréquentes et une mortalité élevée.

La transplantation cardiaque est actuellement la meilleure solution pour les patients en insuffisance terminale. Cependant, les dons d’organes restent insuffisants : en 2022, seuls 477 patients ont pu recevoir une greffe de cœur en France tandis que des centaines d’autres restaient sur liste d’attente. Face à cette pénurie, la recherche se tourne vers des solutions alternatives comme l’ingénierie tissulaire et la médecine régénérative.

Une technologie basée sur les cellules souches : un espoir pour les patients

Les cellules souches pluripotentes induites (iPSC) sont au cœur de cette avancée scientifique. Issues de cellules adultes reprogrammées, elles ont la capacité de se différencier en n’importe quel type cellulaire, y compris des cellules musculaires cardiaques. L’objectif des chercheurs est de les utiliser pour régénérer le tissu cardiaque endommagé et ainsi améliorer la fonction du cœur.

Dans cette nouvelle approche, des scientifiques ont cultivé des cellules cardiaques à partir d’iPSC et les ont assemblées en microfragments de tissu appelés patchs cardiaques. Chaque fragment contient environ 400 millions de cellules et peut être implanté directement sur la surface du cœur. Contrairement aux transplantations traditionnelles, cette technique ne remplace pas l’organe entier, mais vise à renforcer et stabiliser le muscle cardiaque défaillant.

Des résultats prometteurs avec les cellules souches

Avant d’être testée sur l’humain, cette technologie a d’abord été expérimentée sur des primates, notamment des macaques rhésus. Après l’implantation des patchs cardiaques, les chercheurs ont observé une amélioration significative de la fonction cardiaque : les parois du cœur épaissies pouvaient pomper jusqu’à 10 % de sang en plus par battement. De plus, aucun effet secondaire majeur, comme des battements irréguliers ou des tumeurs, n’a été constaté.

Ces résultats encourageants ont permis d’initier un essai clinique sur l’Homme. La première patiente traitée par cette technique est une femme de 46 ans qui souffre d’insuffisance cardiaque sévère à la suite d’un infarctus. En attente d’une transplantation, elle a reçu ces greffons cellulaires pour stabiliser son état. Trois mois plus tard, elle a pu bénéficier d’une greffe de cœur et son ancien organe a révélé que les patchs s’étaient bien intégrés et avaient développé de nouveaux vaisseaux sanguins.

Aujourd’hui, cette technologie est testée sur quinze autres patients dans le cadre d’un essai clinique. Si les résultats se confirment, cette approche pourrait devenir un complément précieux aux transplantations cardiaques.

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Quels défis pour l’avenir ?

Malgré ces , plusieurs défis restent à relever avant que cette thérapie puisse être largement utilisée. L’un des principaux obstacles est la réponse immunitaire : comme pour toute greffe, il existe en effet un risque de rejet des cellules transplantées. Actuellement, les patients reçoivent des traitements immunosuppresseurs, mais ils augmentent le risque d’infections et d’autres complications. Des recherches sont en cours pour trouver des moyens de rendre ces greffons plus compatibles sans nécessiter une forte immunosuppression.

Un autre enjeu est la durabilité des cellules greffées. Il est encore incertain si ces cellules peuvent survivre et fonctionner sur le long terme. Des études supplémentaires seront donc nécessaires pour évaluer leur efficacité à plus grande échelle et sur une durée prolongée.

Enfin, la production de ces cellules reste un processus complexe et coûteux. La mise en place d’une fabrication à grande échelle sera essentielle pour rendre cette thérapie accessible au plus grand nombre.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.