Une société propose de lancer des satellites à coups de canon

canon lancement Green Launch
Crédits : Green Launch

La société Green Launch propose de livrer des charges utiles dans l’espace au moyen d’un énorme canon à gaz. S’il se démocratise, ce type d’approche pourrait permettre d’économiser du carburant, et donc de réduire considérablement le prix des lancements.

Lancer des satellites à coups de canon

Lancer une fusée, ça coûte souvent très cher et ça pollue. Aussi, plusieurs sociétés se démènent pour tenter de réduire ces coûts, à la fois financiers et environnementaux. SpaceX s’est par exemple tournée depuis plusieurs années sur la réutilisation de ses boosters, envisageant désormais l’exploitation de vaisseaux entièrement réutilisables (Starship).

Plus récemment, Sciencepost rapportait également les détails d’un nouveau système de lancement de satellite imaginé par SpinLaunch. La société propose ainsi de s’appuyer sur une centrifugeuse électrique massive capable d’accélérer des charges utiles à plus de 8000 km/h avant de les projeter vers la stratosphère.

Une autre société, Green Launch, propose quant à elle l’envoi de charges utiles dans l’espace au moyen d’un énorme canon à gaz. Le directeur de l’exploitation de cette société, comme son directeur scientifique, le Dr John W. Hunter, sont notamment connus pour avoir dirigé le programme gouvernemental SHARP (Super High Altitude Research Project) dans les années 80. Là encore, cela consistait à utiliser un canon à gaz comme canon spatial pour lancer des satellites dans l’espace.

Dans le détail, imaginez un long tube rempli d’hydrogène, d’hélium et d’oxygène mélangés, au bout duquel est placée une charge. Lorsque ce canon à gaz est tiré, les gaz se dilatent extrêmement rapidement et le projectile reçoit un énorme « coup de pied dans le derrière ».

Les deux vidéos ci-dessous (en vitesse réelle et au ralenti) vous présentent un test effectué avec l’un des canons du programme SHARP (122 mètres) en 1992. Ici, la charge utile est propulsée à une vitesse initiale de Mach 9.

Atteindre l’orbite en quelques minutes tout en réduisant les coûts de lancement

Le record pour un projectile lancé avec un propulseur à hydrogène est de 11,2 km/sec (Mach 32,7). La société green Launch prévoit quant à elle de limiter la vitesse de lancement à 6 km/s (Mach 17,5) pour éviter l’usure des canons.

Comme c’est également le cas avec le système de SpinLaunch, le projectile tiré par Green Launch devrait être intégré dans un second étage de fusée équipé d’un moteur de manière à pouvoir placer la charge utile sur la bonne orbite une fois dans l’espace. Des orbites terrestres basses, entre 300 et 1 000 km, pourraient en effet être atteintes en quelques dizaines de minutes seulement.

Green Launch estime également que les forces d’accélération impliquées culmineront à environ 30 000 G. « Collez un composant sur une balle de golf avec de l’époxy et frappez-la avec un bois 3(un type de club de golf). Cela produira un niveau d’accélération similaire« , note l’entreprise qui assure que les pièces électroniques actuellement disponibles seront tout à fait capables d’encaisser.

Selon Green Launch, ce type d’approche permettra évidemment de réduire d’un facteur 10 les coûts de lancement, tout en ne brûlant que de l’hydrogène.

Enfin côté test, la société a déjà construit un canon de lancement de 16,5 m comme preuve de concept. Il y a quelques mois, l’équipe a d’ailleurs effectué un premier tir à la verticale depuis l’Arizona (visible ci-dessous), atteignant une vitesse initiale de Mach 3. Au cours de ce test, le projectile aurait bien atteint la stratosphère. Plus tard cette année, l’équipe vise à augmenter suffisamment la vitesse pour traverser la ligne Karman, située à 100 km au-dessus de la Terre.