La Grande Barrière de Corail a perdu la moitié de ses coraux

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La Grande barrière de corail. Crédits : Pixabay

La Grande Barrière de Corail, au nord-est de l’Australie, a perdu plus de la moitié de ses coraux depuis 1995, selon une étude. En cause : le réchauffement de l’océan entraîné par le changement climatique

Le corail est vulnérable aux fluctuations de son environnement. Une simple hausse des températures, par exemple, mène ces organismes à chasser les algues dont ils dépendent, à cause du stress. S’en suit alors un blanchiment des coraux. S’il leur est parfois possible de réabsorber ces algues, des conditions stressantes trop persistantes mènent inévitablement les coraux à mourir. Comme ceux de la Grande Barrière australienne.

-50% en trois décennies

Dans le cadre d’une étude récente, Andy Dietzel et son équipe, du Centre d’excellence de l’ARC pour les études sur les récifs coralliens (CoralCoE), ont évalué la taille des communautés coralliennes le long de la Grande Barrière entre 1995 et 2017. Leurs travaux sont sans appel : « Nous avons constaté que le nombre de coraux petits, moyens et grands de la Grande Barrière a diminué de plus de 50% depuis les années 1990« , assure le professeur Terry Hughes, co-auteur de l’étude.

Cet incroyable déclin s’est produit aussi bien dans les eaux profondes et peu profondes et touche pratiquement toutes les espèces. Le corail table, dont la structure forme une sorte de plateau horizontal, circulaire et relativement fin, a été le plus touché par des températures record qui ont déclenché un blanchiment de masse en 2016 et 2017. Les coraux ramifiés ont également beaucoup souffert.

Cette extinction des coraux n’est évidemment pas sans conséquence. Ces animaux fournissent en effet le « gîte et le couvert » pour de nombreuses espèces de poissons de la région. Ceci, à son tour, a un impact sur la productivité des pêcheries de récifs coralliens.

Grande Barrière de corail
La Grande Barrière de corail. Crédits : CoffeewithMilk/Pixabay

Les coraux « ne font plus de bébés »

Autre conséquence : il y a moins d’adultes reproducteurs. Dans une étude publiée l’année dernière dans la revue Nature, des chercheurs expliquaient en effet avoir examiné le nombre de coraux ayant survécu à deux épisodes de blanchiment de masse, observés en 2016 et 2017. Durant ces deux années, la température de l’eau avait été beaucoup plus élevée que d’ordinaire.

Il en était ressorti que la reconstitution des coraux en 2018 avait été sérieusement touchée par la perte de reproducteurs. Et moins il y a d’adultes reproducteurs, moins il y a de bébés. Cette nouvelle étude fait ici le même constat.

« Nos résultats montrent que la capacité de la Grande Barrière de Corail à se rétablir, sa résilience, est compromise par rapport au passé, car il y a moins de bébés« , explique Terry Hughes. « Nous avions l’habitude de penser que la Grande Barrière de Corail était protégée par sa taille, mais nos résultats montrent que même le système de récifs le plus grand et le mieux protégé du monde est de plus en plus compromis et en déclin« .

Les auteurs de l’étude soulignent que des données supplémentaires sur les tendances démographiques de ces coraux sont nécessaires. « Si nous voulons comprendre comment les populations de corail évoluent et si elles peuvent ou non se rétablir entre chaque perturbation, nous avons besoin de données démographiques plus détaillées : sur le recrutement, sur la reproduction et sur la taille des colonies« , poursuit le Dr Dietzel.

Et il y a urgence. Avec la hausse continue des températures, certains chercheurs prévoient en effet que les épisodes de blanchiment seront plus nombreux à l’avenir (deux par décennie à partir de 2035, et chaque année après 2044). À un tel rythme, le corail n’aura ainsi bientôt plus le temps de se rétablir.