Grand Canyon : découverte des plus anciennes traces de vertébrés

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Crédits : Stephen Rowland

Dans le Parc national du Grand Canyon, l’effondrement d’une falaise a révélé une série d’empreintes vieilles de 313 millions d’années. 

Trouver des empreintes fossiles dans le Grand Canyon n’est pas particulièrement inhabituel, mais celles-ci sont un peu particulières. Et pour cause, ce sont les plus anciennes traces de vertébrés jamais retrouvées dans la région. Découvertes par le professeur norvégien de géologie Allan Krill, alors qu’il randonnait sur le Bright Angel Trail avec ses élèves, elles ont été imprimées dans le sol d’une ancienne dune de sable il y a 313 millions d’années.

Invisibles jusqu’à présent, ces 28 empreintes se sont révélées au monde il y a quelques années suite à l’effondrement d’une falaise de la Formation de Manakacha. La reconstruction par les chercheurs de la séquence de pas révèle une démarche similaire à celle de n’importe quel quadrupède. À savoir : pose de la patte arrière gauche, suivie de la patte avant gauche, puis pose de la patte arrière droite, suivie de la patte avant droite.

« Les espèces vivantes de tétrapodes, de chiens et de chats par exemple, utilisent régulièrement une démarche à séquence latérale lorsqu’ils marchent lentement« , explique Stephen Rowland, géologue à l’Université du Nevada à Las Vegas et principal auteur de l’étude. « Ces traces du Bright Angel Trail documentent l’utilisation de cette démarche très tôt dans l’histoire des animaux vertébrés« .

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Il y a 313 millions d’années, un petit animal a laissé ses empreintes de pas sur un petit morceau du Grand Canyon (États-Unis). Crédits : Eric Waldman

Un ou deux animaux ?

Au premier abord, ces empreintes de pattes avant et arrière laissent en effet à penser qu’elles ont été faites pas deux animaux (non identifiés). « Si vous marchez à quatre pattes, les traces de vos pieds viendraient masquer certaines de vos traces de mains« , explique-t-il. « Or, ce n’était pas le cas ici. Toutes les traces, côte à côte, étaient bel et bien intactes ».

Néanmoins, Stephen Rowland évoque une seconde hypothèse. Selon lui, il y a donc de grandes chances que ces traces aient été imprimées par un auteur unique se déplaçant « de côté » (comme le présente l’illustration ci-dessus). Bien que les griffes soient dirigées vers l’avant, celui-ci semble en effet s’être déplacé latéralement d’environ 40 degrés vers la droite.

Pour quelle raison ? Le paléontologue évoque les hypothèses d’un vent fort ou d’une pente très raide, menant finalement la créature à se déplacer en diagonale. Ou peut-être s’agissait-il d’une danse nuptiale ? « Je pense que nous ne le saurons jamais avec certitude« , conclut-il.