À l’état sauvage, les gorilles adoptent souvent de jeunes orphelins

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Crédits : Fondation Dian Fossey Gorilla

Une étude nous révèle que les gorilles orphelins, grâce à la protection de leur groupe, survivent aussi longtemps que les autres, profitant également des mêmes rangs sociaux. 

Tara Stoinski, primatologue à la Dian Fossey Gorilla Fund, se souvient. Il y a quelques années, quatre femelles gorilles de montagne ont quitté le foyer, laissant derrière elles leurs petits à peine assez vieux pour se nourrir.

Sur le moment, la chercheuse fut naturellement inquiète. Et pour cause, nous savons que la plupart des primates séparés de leur mère, et particulièrement les chimpanzés, risquent une mort prématurée. Ceux qui survivent jusqu’à l’âge adulte intègrent également un rang social inférieur et produisent moins de descendants. D’autres études ont documenté les mêmes conséquences liées à la perte prématurée de la mère chez les orques ou les éléphants.

Au lieu de cela, elle fut surprise de constater que l’oncle des juvéniles, un gorille mâle nommé Kubaha, commençait à prendre soin d’eux.

En réalité, la transformation de Kubaha en père adoptif est plus courante qu’on ne le pense chez les gorilles de montagne, souligne une nouvelle étude. Et ce n’est pas sans conséquences.

D’orphelin à dos argenté

Dans le cadre de ces travaux, Tara Stoinski et son équipe se sont concentrés sur les données de 59 gorilles âgés de deux à huit ans devenus orphelins avant d’être pleinement matures. Ils ont ensuite comparé la survie de ces animaux tout au long de leur vie avec la survie de 139 individus non orphelins. Les chercheurs ont également comparé leur succès reproductif et leur rang social à l’âge adulte.

Résultat, les jeunes gorilles orphelins ne couraient pas plus de risques de mourir prématurément, ni même de perdre leur place dans la hiérarchie sociale ou leur capacité à se reproduire. D’ailleurs, certains mâles ayant perdu leur mère très jeune sont devenus mâles alphas, dominant ainsi leur propre groupe.

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Crédits : deinarson/pixabay

« Les primates non humains sont souvent de très bons papas »

« L’étude est formidable« , a jugé la primatologue Duke Anne Pusey, qui n’a pas participé à ces travaux. « Les données proviennent de l’une des plus longues études sur le terrain menées sur les mammifères, et le nombre de gorilles orphelins est suffisamment élevé pour être directement comparé aux données de jeunes chimpanzés« .

D’un côté, nous savons que les chimpanzés meurent jeunes ou souffrent d’autres effets néfastes en cas de perte de leur mère, tandis que ces effets ne sont pas observés chez les gorilles, chez qui la protection perdue de la mère peut être compensée par le reste du groupe.

« Ces résultats suggèrent qu’un tel comportement altruiste n’est pas unique aux humains et que les pères jouent un rôle important dans la vie d’autres jeunes primates« , ajoute l’écologiste comportementale Duke Susan Alberts. « Les primates non humains sont souvent de très bons papas », dit-elle. « Cela montre que les soins paternels sont profondément ancrés dans notre lignée« .

Notons qu’une étude publiée la semaine dernière a également révélé que deux femelles bonobos avaient adopté des nourrissons d’un autre groupe social en République démocratique du Congo. Aussi, les chercheurs prévoient maintenant d’analyser les mêmes types de données chez cette espèce.