Erik Lucero, Lead Engineer chez Google Quantum AI, a récemment présenté les ambitions de son équipe en matière d’informatique quantique pour les années à venir. D’après l’ingénieur, Google sera en mesure de commercialiser un ordinateur quantique avant la fin de la décennie.
Dans un article de blog, Google a expliqué vouloir construire un ordinateur quantique efficace et utile d’ici 2029. Pour se donner les moyens de réussir, la société a dévoilé un nouveau campus d’IA quantique à Santa Barbara. Les installations abritent un centre de données quantique, des laboratoires de recherche sur le matériel et des installations de fabrication de puces à processeur quantique.
Pour rappel, l’informatique quantique est un type de calcul s’appuyant sur des qubits pour coder des données au lieu du bit traditionnel, permettant ainsi la superposition d’états. Autrement dit, les données traitées pourraient être lues dans plus d’un état à un moment donné (1 et 0 simultanément). L’avantage de cette approche est qu’elle augmente de façon exponentielle la quantité d’informations que vous pouvez traiter, et donc élargir nos limites de calculs.
C’est la raison pour laquelle plusieurs entreprises investissent massivement dans ces techniques informatiques de nouvelle génération. En effet, il devient de plus en plus difficile d’obtenir des gains de performances avec les puces traditionnelles.
Selon Google, cette puissance de traitement supplémentaire pourrait par exemple être utile pour simuler des molécules, et donc la nature, avec précision. Cela pourrait aussi aider à concevoir de meilleures IA, des médicaments plus efficaces ou encore à créer des engrais plus économes en carbone. Bref, cela aiderait à rendre le monde meilleur (du moins, sur le papier).

Suprématie quantique ?
L’objectif annoncé par Google intervient un an et demi après que la société ait déclaré avoir atteint la « suprématie quantique ». Autrement dit, l’un de ses ordinateurs avait pour la première fois été capable de calculer certaines opérations beaucoup plus rapidement qu’un ordinateur classique.
Sycamore, le nom du processeur en question, aurait en effet d’après Google opéré avec ses 54 qubits une opération de calcul très complexe en seulement 200 secondes. Il s’agissait d’une opération qu’un ordinateur classique aurait pu résoudre en 10 000 ans environ.
Suite à la publication de cette étude, William Oliver, chercheur au MIT, avait notamment souligné l’importance de cette prouesse technique dans le domaine de l’informatique, la comparant même au premier vol des frères Wright dans le domaine de l’aviation.
« L’avion n’était pas le premier véhicule aéroporté à voler et n’a pas résolu un problème de transports urgent », avait-il expliqué. « Il n’a pas non plus annoncé le début de la fin des autres modes de transport. Mais on se souvient de cet événement comme la preuve d’un nouveau régime opérationnel, le vol autopropulsé d’un avion plus lourd que l’air ».
Certains concurrents s’étaient néanmoins précipités pour jeter le doute sur les progrès prétendus de Google, à l’instar d’IBM. Selon les ingénieurs de la société, Summit, leur superordinateur, n’aurait en effet pas eu besoin de 10 000 ans pour réaliser le calcul proposé par Google, mais de seulement deux jours et demi.