Les gladiateurs ont-ils aussi combattu en Grande-Bretagne ?

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Crédits : ArsAdAstra/Pixabay

Des représentations de gladiateurs combattant sur un vase en argile retrouvé dans le sud-ouest de l’Angleterre il y a plus d’un siècle ont longtemps interrogé les archéologues. Selon de nouvelles analyses, ces inscriptions seraient bel et bien la première preuve concrète que ces guerriers se battaient aussi en Grande-Bretagne romaine.

Une argile du coin

Le récipient fut découvert en 1853 dans la ville de Colchester, située à environ cent kilomètres de Londres dans le sud-est de l’Angleterre. À l’époque romaine, elle était connue sous le nom de Camulodunum. Cette grande cité florissante avait trois théâtres, ainsi que le seul hippodrome de chars en Grande-Bretagne.

Le vase, qui mesure vingt-trois centimètres de haut et pèse environ un kilo, a été fouillé dans une tombe de l’époque romaine. Il présente trois scènes de gladiateurs avec trois types de combattants : humain-humain, humain-animal et animal-animal. La scène impliquant les deux humains présente Memnon et Valentinus se battant en tant que « secutor » (chasseur) et « retiarius » (homme au filet). Le premier est légèrement armé, le second est équipé d’un trident et d’un filet (métaphore du pêcheur et de sa proie). Valentinus est décrit comme faisant partie de la 30e légion, stationnée dans le nord-ouest de l’Allemagne. Memnon est quant à lui annoté avec les chiffres romains VIIII, ce qui signifie qu’il a combattu et survécu neuf fois.

Cela étant dit, on ignorait jusqu’à présent si le vase avait été fabriqué localement ou plus au sud où les combats de gladiateurs étaient connus pour divertir le public dans l’Empire romain. Une étude à venir, menée par des chercheurs du King’s College de Londres, révèle que l’artéfact a bel et bien été fabriqué avec de l’argile locale. Par ailleurs, un examen attentif de l’inscription, dont on supposait précédemment qu’elle a été créée après la cuisson du pot, montre qu’elle a été faite lorsque l’argile était encore molle.

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Le vase Colchester, fabriqué vers 175 apr. J.-C. et exposé au musée du château de Colchester. Crédits : Carole Raddato

Un ancien gladiateur ?

Nous savons également désormais que ce vase a été fabriqué comme une sorte de coupe commémorative en souvenir d’un combat spécifique ayant eu lieu au IIe siècle apr. J.-C.. Cette nouvelle découverte fournit donc aux chercheurs un aperçu sans précédent des événements sportifs dans la périphérie de l’empire.

Le vase aurait ensuite été réutilisé comme urne funéraire. Nous savons en effet qu’il contenait les restes incinérés d’une personne. Si l’on ignore encore son identité, l’analyse des ossements a révélé qu’il s’agissait d’un homme robuste qui avait plus de 40 ans lorsqu’il est décédé. Visiblement, il ne venait pas de Colchester, mais d’une région anglaise située plus au sud.

Nous savons également qu’il n’est pas l’un des gladiateurs mentionnés sur le vase. Cependant, les chercheurs pensent que cette personne était probablement liée au monde des gladiateurs. Il s’agissait peut-être d’un fan ou d’un ancien combattant reconverti en entraîneur comme c’était souvent le cas à l’époque. En revanche, ce ne sont que des suppositions.