Les glaces du Groenland fondent et assèchent le Sahel en Afrique !

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Le Groenland et le Sahel sont distants d’environ 10 000 kilomètres l’un de l’autre. Et pourtant, ce qui se passe chez le premier impacte la situation du second. La fonte des glaces qui s’accélère au pôle Nord cause un assèchement du Sahel, déjà en proie à une désertification depuis des années.

Deux espaces opposés, mais des destins croisés pour le Groenland et le Sahel, ce dernier étant une zone tampon située entre le Sahara et la forêt équatoriale africaine bien connue depuis quelques décennies pour son rétrécissement progressif sous l’effet de l’avancée du célèbre désert africain.

Le Sahel, zone tampon entre le Sahara et la forêt équatoriale
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Une équipe de chercheurs français de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) basé à Marseille a expliqué qu’une accélération de la fonte des glaces du Groenland pourrait impacter les millions de personnes vivant au Sahel. Ces recherches ont fait l’objet d’un compte-rendu sur le site officiel de l’IRD et d’une publication complète dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) le 20 juin 2017.

Les scientifiques indiquent que l’AMOC (circulation atlantique méridionale de retournement), un courant marin familier des océanographes dont un des segments est encore plus connu : le Gulf Stream apportant à l’Europe l’air chaud en provenance des Bahamas (Caraïbe). Il s’avère que l’AMOC fait dans son ensemble le lien entre les deux zones que sont le Groenland et le Sahel. Ce courant charrie les eaux chaudes de l’océan Atlantique au niveau de l’Équateur africain vers le Groenland.

La circulation atlantique méridionale de retournement (AMOC)
Crédits : Nature

Dimitri Defrance, un des directeurs de l’étude, déclare avoir obtenu « à la fois des données datant de la dernière glaciation livrées par des carottes sédimentaires et des modélisations qui montrent que ce courant peut s’arrêter si une grande quantité d’eau douce est brusquement déversée dans l’Atlantique nord par la fonte des glaces. »

Ce courant pourrait donc également impacter l’Europe. En effet, dans le cas où l’AMOC s’arrête et par conséquent le Gulf Stream, le climat sous les tropiques deviendra encore plus chaud alors que notre continent pourrait se refroidir de manière significative.

Cette situation occasionnera un déplacement de la mousson vers le sud du Sahel, faisant chuter drastiquement le niveau des précipitations. Si les chercheurs pointent du doigt cette situation, cela est dû au fait que l’actuelle fonte des glaces du Groenland est plus rapide que ce qu’ils prédisaient.

Enfin, Dimitri Defrance conclut en expliquant la méthodologie des recherches menées et les conséquences que pourrait avoir cette situation sur les habitants du Sahel :

« Nous avons donc décidé de simuler une fonte très forte, mais réaliste, à savoir 50 centimètres de niveau marin en 50 ans. Résultat ? Les précipitations sur de vastes régions du Sahel passeraient sous les minimales nécessaires, selon la FAO, à la culture du sorgho et du mil, les céréales locales de base. »

Sources : Institut de recherche pour le développementSciences & Vie