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Géoingénierie : doit-on blanchir les nuages pour sauver les coraux ?

Des chercheurs australiens ont eu une idée surprenante afin de venir en aide aux coraux. D’après eux, il faudrait en effet « booster » les nuages afin de les rendre plus blancs et plus imposants. Ainsi, ils augmenteront leur capacité à réfléchir et bloquer la lumière du Soleil.

Modifier la composition physique des nuages

La Grande Barrière de Corail va mal. En 2020, des chercheurs ont d’ailleurs estimé que depuis 1995, ce précieux lieu a perdu plus de la moitié de ses coraux. Sans surprise, la principale cause de cette perte n’est autre que le réchauffement de l’océan sous l’effet du changement climatique. Il est donc essentiel de sauver cette barrière de corail et plusieurs programmes s’y attellent, dont certains qui font appel à la géoingénierie.

Une équipe de l’Université Southern Cross (Australie) a par exemple publié une nouvelle étude dans la revue Current Biology le 6 décembre 2021. Dans cette publication, les scientifiques rappellent que l’augmentation des températures de l’eau, la surexposition aux rayons du soleil ainsi que la pollution engendrent le phénomène suivant : les coraux rejettent les algues vivant sur eux, causant ainsi leur blanchissement, puis leur mort. La solution que proposent les chercheurs australiens est donc de modifier la composition physique des nuages, ces derniers agissant comme un genre de parasol naturel pour les coraux. Ils réfléchissent en effet une partie de la lumière du Soleil avant que celle-ci n’atteigne la surface de la Terre.

Grande barrière de corail
La Grande Barrière de Corail.
Crédits : Pixabay

Une méthode qui interroge

Il faut savoir que les stratocumulus marins sont très utiles dans la préservation des coraux. Ils couvrent de manière permanente pas moins de 20 % de la zone océanique tropicale et refroidissent l’eau. Or, plus ces nuages sont blancs et imposants, plus leur capacité de réflexion est importante. Ainsi, modifier leur composition physique pourrait augmenter cette capacité bénéfique et ainsi limiter la destruction des coraux.

Concrètement, les scientifiques veulent pulvériser des milliards de cristaux de sel nanoscopiques vers le ciel, au moyen de buses à haute pression équipées sur des bateaux. Les particules de sel resteraient alors en suspension dans l’atmosphère, condenseraient l’humidité et généreraient des gouttelettes de nuage pour augmenter la réflexion de la lumière. Cette méthode de géoingenierie s’intègre dans le Reef Restoration and Adaptation Program (RRAP) du gouvernement australien et a déjà fait l’objet de tests concluants en 2020.

Cette technique semble ainsi fonctionner, mais pour obtenir l’effet désiré, il faudrait répéter l’opération à chaque fois que cela est nécessaire, autrement dit à chaque épisode de chaleur intense. De plus, il existe des risques sur le long terme au sujet de possibles modifications de la pluviométrie dans les zones entourant la barrière de corail. Tout comme la plupart des autres méthodes de géoingénierie, le blanchissement des nuages est en outre sujet à controverse, car il n’est aucunement question d’un changement de nos modes de vie, ce qui en soi apparaît comme étant la meilleure solution possible pour limiter voire stopper le dérèglement climatique.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.