Une étude s’est intéressée au génome de deux des serpents les plus venimeux d’Australie

Crédits : Alexandre Roux / Flickr

Le venin du serpent-tigre et du serpent brun fait que ces deux espèces font partie des plus dangereuses d’Australie. Dans le cadre d’une étude, des scientifiques ont récemment analysé leur génome avec pour objectif d’en savoir davantage sur leur origine.

Présentation des deux espèces

Le serpent-tigre (Notechis scutatus) est généralement de couleur jaune orange avec des bandes vertes, mais peut également arborer un vert uni ou encore un noir brillant à reflets bleu métallique. D’une longueur généralement comprise entre 1 et 1,8 m, le serpent-tigre est très venimeux. Il s’agit d’une espèce endémique d’Australie que l’on peut retrouver dans divers lieux du pays.

Le serpent brun oriental (Pseudonaja textilis) est quant à lui comme son nom l’indique de couleur brun uni. Souvent plus petit que le serpent-tigre, il est en revanche bien plus venimeux. Il s’agit tout simplement du second serpent terrestre le plus venimeux au monde et le plus meurtrier en Australie après le célèbre Taïpan du désert (Oxyuranus microlepidotus). Le serpent brun se trouve donc principalement en Australie avec toutefois également une présence dans quelques lieux isolés de l’île de Nouvelle-Guinée, se partageant entre l’Indonésie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Ces deux espèces de serpent font partie de la famille des élapidés (Elapidae). Celle-ci a la particularité de compter à la fois des espèces de serpents terrestres et marines.

serpent tigre
Le serpent-tigre, espèce endémique de l’Australie.
Crédits : Jaw / Wikipedia

La présence de « gènes sauteurs » chez ces serpents

Une étude conduite par l’Université d’Adélaïde (Australie) et le South Australian Museum s’est intéressée au génome du serpent-tigre et du serpent brun. Publiés dans la revue Genes le 25 janvier 2022, ces travaux avaient pour but de mieux comprendre leur origine, mais aussi de comparer ces génomes à ceux de serpents marins et semi-marins de la famille des élapidés. Les chercheurs ont expliqué que l’origine des élapidés australiens fait actuellement toujours l’objet de débats. Certains experts estiment que leurs ancêtres sont arrivés par voie terrestre et d’autres pensent plutôt à un ancêtre marin ou semi-marin.

« Au cours de nos recherches, nous avons trouvé un certain nombre de gènes qui étaient présents chez l’ancêtre de tous les élapidés australiens, mais qui n’ont pas pu être attribués à un ancêtre de serpent. Au lieu de cela, ils pourraient être attribués à des séquences de gènes transposables similaires trouvées dans la vie marine, y compris les poissons, les ascidies, les oursins, les bivalves et les tortues. Cela indique que l’environnement marin a transféré le nouveau matériel génétique dans les serpents et offre un nouveau soutien à l’argument selon lequel les premiers élapidés australiens ont nagé jusqu’à nos côtes. Ils doivent avoir préalablement acquis le nouveau matériel génétique au cours d’une période ancestrale où ils se sont adaptés à la vie marine », expliquent les auteurs de l’étude.

Les chercheurs ont découvert pas moins de quatorze événements de transfert distincts concernant d’autres organismes marin ayant reçu du nouveau matériel génétique. Par ailleurs, huit gènes sont uniquement présents dans le génome des serpents de mer marins et semi-marins. Selon les scientifiques, il est question de « gènes sauteurs » et il s’agit de la toute première fois que ces gènes peuvent expliquer l’histoire évolutive d’une espèce animale. Cette étude a ainsi permis de démontrer que l’ancêtre commun de tous les élapidés a réussi à s’adapter à un environnement marin. Cela a même peut-être rendu plus facile la transition des serpents terrestres vers la mer.