xénon gaz
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Ce gaz anesthésiant pourrait être le prochain traitement majeur contre Alzheimer

La maladie d’Alzheimer est une affection dévastatrice qui touche des millions de personnes dans le monde. Elle entraîne une perte progressive de la mémoire et des capacités cognitives qui affecte alors non seulement les patients, mais aussi leurs proches. Bien que précieux, les traitements actuels n’ont qu’un impact limité sur la progression de la maladie et de nombreuses personnes souffrant de cette maladie sont en quête de solutions plus efficaces. Toutefois, une nouvelle étude récemment publiée pourrait bien ouvrir la voie à une approche inattendue pour traiter cette maladie : le gaz xénon.

La maladie d’Alzheimer et les limites des traitements actuels

La maladie d’Alzheimer est l’une des formes de démence les plus courantes, marquée par des changements cérébraux qui perturbent gravement les fonctions cognitives. Les symptômes incluent une perte progressive de la mémoire, des difficultés à penser clairement et à effectuer des tâches quotidiennes. L’une des principales caractéristiques de la maladie est la formation de plaques amyloïdes, des agrégats de protéines mal repliées qui s’accumulent dans le cerveau et perturbent la communication entre les neurones. Ces plaques, associées à une inflammation chronique et à une dégénérescence neuronale, provoquent la mort des cellules cérébrales et l’atrophie progressive des tissus cérébraux.

Les traitements actuels contre la maladie d’Alzheimer se concentrent principalement sur la gestion des symptômes, mais aucun ne peut stopper ou ralentir efficacement la progression de la maladie. Les inhibiteurs de la cholinestérase, tels que le donepezil, aident à améliorer la transmission des signaux nerveux dans le cerveau en augmentant la quantité de neurotransmetteurs disponibles. De même, les antagonistes des récepteurs NMDA, comme la mémantine, sont utilisés pour réguler l’activité anormale des neurones, en particulier dans les stades plus avancés. Cependant, ces traitements ont des effets limités et n’offrent qu’un soulagement temporaire. Ils ne résolvent pas la cause sous-jacente de la maladie et n’influencent pas la progression de la dégénérescence neuronale.

Face à l’inefficacité des traitements existants, la communauté scientifique se tourne donc vers de nouvelles approches thérapeutiques en espérant trouver des traitements capables de non seulement ralentir la progression de la maladie, mais aussi d’inverser ou de prévenir les dommages cérébraux. Cette quête est d’autant plus urgente avec l’augmentation du nombre de cas, la maladie d’Alzheimer étant de plus en plus présente dans les sociétés vieillissantes.

Le xénon : un gaz aux propriétés surprenantes

Le xénon est un gaz noble inerte utilisé principalement en anesthésie et en imagerie médicale pour ses propriétés anesthésiques et d’imagerie de haute précision. Néanmoins, ses applications médicales ne s’arrêtent pas là. Des recherches récentes ont en effet mis en lumière d’autres bienfaits potentiels du xénon pour le cerveau. En effet, ce gaz a la capacité unique de traverser la barrière hématoencéphalique, une membrane protectrice qui empêche la plupart des médicaments de pénétrer dans le cerveau. Cela a conduit les scientifiques à se demander si ce gaz pourrait non seulement protéger le cerveau, mais aussi avoir un effet bénéfique pour les personnes atteintes de maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer.

Pour le savoir, une équipe de chercheurs du Brigham and Women’s Hospital et de l’université de Washington a mené une étude sur des souris génétiquement modifiées pour développer une forme de la maladie d’Alzheimer. Les chercheurs ont administré du xénon par inhalation aux souris pendant une période prolongée et ont observé des résultats encourageants.

Chez les souris traitées, le xénon a activé une réponse immunitaire protectrice dans le cerveau. Ce mécanisme a permis de stimuler l’activité des microglies, des cellules du système immunitaire du cerveau, dont le rôle est crucial pour la protection et la réparation du tissu cérébral. Grâce à cette activation, le xénon a contribué à réduire l’inflammation et à ralentir le rétrécissement du cerveau, deux des principaux symptômes de la maladie d’Alzheimer. De plus, des signes positifs ont été observés quant à la réduction des plaques amyloïdes, un biomarqueur majeur de la maladie.

Ces résultats sont prometteurs, car l’inflammation et la formation de plaques amyloïdes sont des facteurs clés de la progression de la maladie d’Alzheimer. En réduisant ces facteurs, le xénon pourrait offrir une nouvelle approche pour ralentir, voire stopper la progression de cette affection neurodégénérative.

Alzheimer homme agé
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Le mécanisme derrière l’action du xénon

Le xénon semble jouer un rôle clé en activant les microglies, les cellules immunitaires qui protègent le cerveau. Lorsque ces cellules sont activées par le xénon, elles contribuent à éliminer les débris cellulaires et à réduire l’inflammation qui est souvent exacerbée dans les cerveaux des patients atteints d’Alzheimer. Ce processus peut empêcher l’aggravation des lésions cérébrales, permettant ainsi aux neurones de rester fonctionnels plus longtemps. Le xénon semble donc offrir une sorte de bouclier protecteur pour le cerveau, ce qui est un grand espoir pour de futures thérapies.

De plus, la capacité du xénon à traverser la barrière hématoencéphalique est un facteur crucial. En effet, l’une des plus grandes difficultés rencontrées dans le traitement des maladies cérébrales est la difficulté des médicaments à pénétrer dans le cerveau. En étant capable de franchir cette barrière, le xénon pourrait donc offrir une solution révolutionnaire pour délivrer des traitements neuroprotecteurs.

Fort des résultats encourageants obtenus chez les souris, les chercheurs se tournent désormais vers des essais cliniques chez l’Homme pour tester la sécurité et l’efficacité du xénon dans le traitement de la maladie d’Alzheimer. Un essai de phase I devrait ainsi bientôt être lancé, afin d’évaluer les effets du gaz sur des sujets humains en bonne santé. Si ces essais se révèlent concluants, le xénon pourrait alors devenir un outil thérapeutique puissant pour traiter non seulement Alzheimer, mais aussi d’autres troubles neurologiques.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.