Le dernier survol de Ganymède révèle d’énormes cratères

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Ganymède survolée par la sonde JUNO. Crédits : Caltech/SwRI/MSSS/Kalleheikki Kannisto

L’été dernier, la sonde américaine Juno survolait Ganymède à moins de mille kilomètres de sa surface. Ce nouveau « flirt », le premier depuis 1979, a permis d’identifier de nouveaux cratères, dont certains sont immenses. La présence de ces dépressions suggère que nous avons sous-estimé l’activité volcanique de la lune de Jupiter.

Il y a encore quelques mois, Ganymède n’avait été visitée par l’Homme que deux fois : par la mission Voyager 1, en 1979, et par la mission Galileo au milieu des années 1990. Au cours de ces survols, les deux sondes ont pu capturer plusieurs photos de la lune de Jupiter. Toutefois, leur angle de vue n’était pas idéal. Aussi, plusieurs zones demeuraient encore inexplorées. Depuis, la technologie s’est considérablement améliorée. Plus récemment, le survol de Juno, en juin 2021, a ainsi permis de révéler ces différents environnements.

Ces images récemment analysées décrivent de nombreuses dépressions en surface, y compris des cratères d’impact aussi larges que cent kilomètres. D’autres, plus petits, mesurent de quarante à cinquante kilomètres de diamètre. Les chercheurs ont également isolé de multiples caractéristiques qui pourraient être selon eux le résultat de l’activité volcanique de Ganymède.

« Nous avons trouvé des caractéristiques de type caldera, similaires à celles que nous avons observées précédemment dans d’autres parties de Ganymède« , a déclaré Goeffrey Collins, géologue au Wheaton College dans le Massachusetts. « Les caldeiras sont des cratères volcaniques qui, dans le cas de Ganymède, ont probablement été créés par des cryovolcans qui jaillissent de l’eau et du gaz gelés de l’intérieur de la lune« .

Le nombre de ces caractéristiques vues dans les images de Juno suggère une activité volcanique beaucoup plus intense que ce à quoi les scientifiques s’attendaient auparavant.

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Ganymède photographiée par la sonde Juno. Crédits : NASA

Des aurores scintillantes

Non seulement Ganymède est la plus grande lune du Système solaire, mais c’est aussi la seule qui possède son propre champ magnétique. Les variations de ce champ magnétique ont d’ailleurs conduit les chercheurs à conclure que Ganymède devait abriter un immense océan souterrain d’eau salée sous une croûte de glace et de roche de 150 km d’épaisseur.

Cela étant, nous savons que la lune est également intégrée dans le champ magnétique de Jupiter. L’interaction entre ces deux champs magnétiques donne alors lieu à la formation d’aurores au-dessus de Ganymède. Ces aurores avaient été repérées par Hubble, mais le récent survol de Juno a permis de mieux les comprendre.

« Nous étions maintenant en mesure de voir les emplacements exacts des émissions [aurorales]« , a déclaré Pippa Molyneaux, chercheuse au Southwest Research Institute de San Antonio (Texas). « Sur ces images, nous avons pu voir l’étendue latitudinale de l’une d’entre elles pour la première fois. Nous avons alors constaté des limites très nettes au niveau des pôles, tandis que ces émissions diminuent plus progressivement lorsque vous vous déplacez vers l’équateur. Les futurs modèles devront expliquer cela.« 

Rappelons que Ganymède sera également ciblée par la mission européenne Jupiter Icy Moons Explorer (JUICE) qui doit être lancée l’année prochaine. Son objectif sera d’étudier de près le système jovien dès 2029, avant de se concentrer exclusivement sur Ganymède dès 2032. Ces données pourraient donc être utilisées pour affiner les plans d’observation.