Le Petit Nuage de Magellan, une galaxie satellite de la Voie lactée, révèle un mystère intrigant : il pourrait en réalité s’agir de deux galaxies distinctes superposées. Une étude a en effet examiné le mouvement des nuages de gaz et des jeunes étoiles dans cette galaxie naine, révélant deux pépinières d’étoiles distinctes séparées par plusieurs milliers d’années-lumière.
Une petite galaxie satellite
Le Petit Nuage de Magellan, situé à environ 199 000 années-lumière de la Terre, est une galaxie naine irrégulière qui fait partie des satellites de la Voie lactée. Comparé à son homologue, le Grand Nuage de Magellan, le Petit Nuage de Magellan est significativement plus petit, ne représentant qu’environ un tiers de sa masse. Ces deux galaxies naines sont gravitationnellement liées à notre Voie lactée et leur destin est éventuellement de fusionner avec notre galaxie en un lointain avenir.
Le Petit Nuage de Magellan se caractérise par une structure irrégulière, ce qui contraste avec la forme davantage en disque du Grand Nuage de Magellan. Il abrite des nuages de gaz, des poussières cosmiques et des jeunes étoiles en formation. Les observations de cette galaxie naine ont également révélé des interactions gravitationnelles complexes avec la Voie lactée et le Grand Nuage de Magellan, contribuant à son statut de « galaxie épave ».
Par ailleurs, sa relative proximité de la Terre en fait un objet d’étude privilégié pour les astronomes et permet de réaliser des observations détaillées de ses caractéristiques et de ses processus internes. Une étude récente ajoute une dimension fascinante à notre compréhension de cette galaxie naine et soulève de nouvelles questions sur sa nature intrinsèque.
Deux entités ?
Dans le cadre de ces travaux, une équipe dirigée par Claire Murray, astronome au Space Telescope Science Institute du Maryland, a examiné le mouvement des nuages de gaz et des jeunes étoiles dans cette petite galaxie. Les observations ont révélé deux pépinières d’étoiles distinctes séparées par plusieurs milliers d’années-lumière au sein même du Petit Nuage de Magellan, qui mesure environ 18 900 années-lumière de large.
Cette découverte a été rendue possible grâce à l’utilisation du radiotélescope australien Square Kilometer Array Pathfinder, qui a permis de suivre les ondes radio émises par l’hydrogène gazeux de la galaxie, et du vaisseau spatial Gaia de l’Agence spatiale européenne, qui cartographie actuellement en 3D les étoiles de la Voie lactée.
L’identification de deux régions distinctes de gaz et de poussière donnant naissance à des étoiles (avec des compositions métalliques différentes) remet en question la perception précédente du Petit Nuage de Magellan en tant qu’entité unique. Elle pourrait même éventuellement conduire à un réexamen de son nom actuel, qui rend hommage à l’explorateur Ferdinand Magellan.
La question centrale est de savoir si ces deux objets sont liés gravitationnellement ou s’ils résultent d’une séparation due à des interactions avec le Grand Nuage de Magellan. Les masses similaires des deux régions suggèrent une origine commune, mais des investigations plus poussées sont nécessaires pour élucider cette énigme.
Les détails de l’étude seront publiés dans The Astrophysical Journal.