L’Agence spatiale européenne vient de publier les dernières données de sa mission Gaia, détaillant les caractéristiques physiques et le positionnement de près de 1,8 milliard d’étoiles de notre galaxie. Les mouvements de sources stellaires en périphérie témoignent également du passé mouvementé de la Voie lactée.
Une carte de la Voie lactée
Fin 2013 l’Agence spatiale européenne (ESA) laçait Gaia, un satellite ayant pour objectif de déterminer la position, le mouvement et la distance des étoiles de notre galaxie en plus de leurs propriétés physiques. Pour ce faire, Gaia opère sur une orbite autour du point de Lagrange 2 (L2), situé à 1,5 million de kilomètres derrière la Terre dans la direction opposée au Soleil. Les forces gravitationnelles entre la Terre et le Soleil y sont équilibrées, de sorte que le vaisseau spatial reste dans une position stable.
De cette position, Gaia scanne le ciel en continu, collectant des données dans plusieurs bandes du spectre de la lumière et enregistrant chaque jour les données plusieurs milliers d’étoiles. À titre d’information, la caméra d’un milliard de pixels du satellite est la plus grande jamais envoyée dans l’espace. L’instrument est en effet si puissant qu’il serait en mesure d’évaluer le diamètre d’un cheveu humain à une distance de mille kilomètres.
Le dernier catalogue en date, publié en avril 2018, nous avait proposé les caractéristiques de près de 1,7 milliard d’étoiles. Le nouveau catalogue (Gaia EDR3) publié ce jeudi 3 décembre contient les informations détaillées d’environ cent millions de sources stellaires supplémentaires. Parmi elles, 300 000 évoluent à moins de 326 années-lumière du Soleil. En plus d’inclure davantage de sources, la précision des mesures s’est également améliorée.
Les traces d’une ancienne collision et un Système solaire qui accélère
Les nouvelles données de Gaia ont permis aux astronomes de retracer les différentes populations d’étoiles évoluant vers le bord même de notre galaxie, l’anticentre galactique.
Ces données ont révélé une composante d’étoiles se déplaçant lentement au-dessus du plan de notre galaxie et se dirigeant en sa direction, ainsi qu’une composante d’étoiles à déplacement rapide évoluant cette fois sous le plan et se dirigeant vers le haut. « Ce modèle extraordinaire n’avait pas été prévu auparavant« , souligne l’ESA. « Cela pourrait être le résultat de la quasi-collision entre la Voie lactée et la galaxie naine du Sagittaire opérée dans le passé récent de notre galaxie« .
Pour rappel, la galaxie naine du Sagittaire est actuellement en train d’être « cannibalisée » par la Voie lactée. Son dernier passage rapproché vers notre galaxie, auquel fait ici référence le communiqué, n’a pas suffi à la désintégrer, mais le coup a visiblement été assez violent pour perturber certaines étoiles de la Voie lactée.
Enfin, les données de Gaia ont également confirmé l’accélération du Système solaire autour du centre galactique. Cette accélération est douce, mais suffisante pour faire dévier la trajectoire de notre système du diamètre d’un atome chaque seconde. En un an, cela représente environ 115 km. N’ayez crainte, cette première mesure de la courbure de l’orbite du Système solaire autour de la galaxie concorde avec les attentes théoriques. En d’autres termes, c’est normal.