Fusillades de masse : Seuls 5% de leurs auteurs seraient fous

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Seules 5 % des fusillades de masses recensées aux États-Unis seraient commises par des personnes ayant des maladies psychiatriques. C’est ce que montre une étude américaine menée par Jonathan Metzl et Ken MacLeish, deux chercheurs de l’Université Vanderbilt. Pour cela, ils ont analysé les données de ces affaires sur 40 ans.

 Voici quelques dates des fusillades importantes de 2012 :

  • 27 février 2012 : À Chardon (Ohio), un garçon de 17 ans ouvre le feu sur ses camarades de lycée, dans la cantine, tuant trois d’entre eux. Il n’a pas été déclaré comme malade mental (en savoir +).
  • 2 avril 2012 : Un homme fait sept morts et trois blessés dans un collège d’Oakland (Californie).
  • 20 juillet 2012 : Un homme ouvre le feu dans un cinéma d’Aurora (Colorado) qui projette le dernier Batman. Douze spectateurs sont tués et 58 blessés. Son avocat le dira déséquilibré mental. Les psychiatres consultés avant l’événement le pensaient déjà dangereux (en savoir +).
  • 5 août 2012 : Un vétéran d’extrême droite, Wade Michael Page abat six personnes dans un temple sikh, à Oak Creek (Wisconsin). Il n’a pas été diagnostiqué comme malade mental, mais était alcoolique (en savoir+).
  • 27 septembre 2012 : Un employé licencié, Andrew John Engeldinger, ouvre le feu dans son ancienne entreprise à Minneapolis (Minnesota). Il tue quatre personnes et met fin à ses jours. Sa famille a dit qu’il avait une sorte de maladie mentale et qu’il refusait les traitements (en savoir +).
  • 12 décembre 2012 : À Happy Valley (Oregon), un individu tue deux personnes dans un centre commercial en plein dans les achats de Noël.
  • Le 14 décembre 2012 : un jeune homme tue 26 personnes, dont 20 enfants de 6 et 7 ans, dans une école de Newtown (Connecticut), avant de retourner l’arme contre lui. Il n’a pas officiellement été déclaré comme malade mental, mais des troubles du comportement et de l’intégration sociale ont été observés (en savoir +).

Jonathan Metzl et Ken ont analysé les données des 40 dernières années pour réaliser cette étude. Ils ont mis alors en défaut 4 croyances populaires liant arme à feu, massacre et maladie mentale. Ces stéréotypes sont les suivants :

  1. Les maladies mentales causent des violences par arme à feu.
  2. Un diagnostic psychiatrique peut prédire les crimes par armes à feu avant qu’ils ne soient commis.
  3. Les massacres par balle aux USA montrent qu’il faut se méfier des malades mentaux isolés.
  4. À cause des antécédents psychiatriques complexes des tireurs, la politique de contrôle des armes ne peut pas prévenir/éviter les fusillades de masse.

La réalité est en effet toute autre. Moins de 5 % des crimes par armes à feu recensés entre 2001 et 2010 ont été commis par des personnes ayant une maladie mentale diagnostiquée. C’est-à-dire moins de 6 000 crimes sur environ 120 000 cas.

« Même l’accablante majorité des patients atteints de troubles psychiatriques qui correspondent au profil des récents tireurs de masse américain – homme blanc en colère, paranoïaque et possédant une arme – ne commettent pas de crime », écrit l’un des auteurs de la recherche.

Il y a plus de chances d’être tué par un de ses voisins ou un proche que par une personne solitaire ayant un déséquilibre mental. Ce qui dément le (2), (3) et (4). De plus, les personnes atteintes de maladies mentales ont entre 60 et 120 % plus de chance que la moyenne d’être victime de violence plutôt que d’en être l’auteur. En effet, ces personnes sont souvent des cibles faciles du fait de leur isolement et leur déséquilibre. Quant au (1), les maladies mentales peuvent être une source de violence, mais il y a beaucoup d’autres facteurs comme la colère, l’alcool, la drogue, des antécédents judiciaires, les problèmes relationnels ou la facilité d’obtenir une arme à feu.

Jonathan Metzl a aussi écrit de nombreux articles et ouvrages sur des thèmes proches comme la santé mentale, la violence et les questions de santé publique.

Sources : American Journal of Public Health, New Mic, le journal de la science, La croix