L’Europe cherche une « alliance » pour concurrencer SpaceX et la Chine

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Décollage d'un lanceur Ariane 5 le 25-septembre 2018. Crédits : ESA

Préoccupée par l’émergence de SpaceX et la concurrence croissante d’une nouvelle génération de fusées chinoises, l’Union européenne vise une stratégie spatiale plus agressive.

Au cours des dernières décennies, l’Europe a cherché à se « défaire des chaînes » américaines et russes pour devenir une actrice à part entière de l’industrie spatiale. Toutefois, force est de constater que la concurrence est rude. Pour éviter de perdre trop de terrain, le secteur de l’industrie aérospatiale européen, muselé depuis plusieurs années par la concurrence américaine dominée par SpaceX et ses lanceurs réutilisables, mais aussi par la Chine qui enchaîne les lancements, poursuivra une stratégie spatiale « plus agressive » au cours de la prochaine décennie.

« Nous devons nous demander : notre approche actuelle nous amènera-t-elle avec succès jusqu’à 2050, compte tenu des perturbations du secteur que nous observons tous ? J’en doute fortement. Ainsi, je pense que nous avons besoin d’une stratégie plus offensive« , a déclaré ce mardi 12 janvier le commissaire européen Thierry Breton.

Dans cet esprit, ce dernier prévoit de rassembler dans les prochains mois tous les acteurs nécessaires pour « initier une alliance européenne« . Ensemble, ils devront définir « une feuille de route commune pour la prochaine génération de lanceurs et de technologies pertinentes » permettant « un accès autonome à l’espace » pour l’Europe.

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Une fusée Falcon 9 décolle de cap Canaveral (Floride) le mardi 6 octobre 2020. Crédits : SpaceX

Arianespace confiante

Lors d’un point presse tenu quelques jours plus tôt, le 7 janvier, Stéphane Israël, le patron d’Arianespace, a également exhorté les gouvernements européens à fournir plus de soutien à son entreprise afin d’équilibrer une concurrence américaine « sans précédent ».

Si Arianespace devrait terminer l’année avec un chiffre d’affaires relativement stable (environ un milliard d’euros en 2020), il rappelle en effet que les dépenses du gouvernement américain dans le domaine spatial sont encore « bien supérieures à la combinaison de l’Agence spatiale européenne, de l’Union européenne et gouvernements européens« .

Notez que Stéphane Israël ne critique pas ici le soutien dont bénéficient des entreprises comme SpaceX de la part du gouvernement américain. Ce dernier y voit davantage une preuve que les gouvernements européens doivent intensifier leurs efforts. « Il y a de très bonnes raisons de renouveler le partenariat public-privé autour d’Ariane 6 et de Vega C pour cette décennie et de créer les conditions d’une concurrence plus équilibrée entre l’Europe et notre concurrent aux États-Unis« , a-t-il déclaré.

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Un décollage d’Ariane 5 depuis la Guyane en 2017. Crédits : CNES

Pour rappel, Arianespace a réalisé dix lancements en 2020 : trois de son véhicule Ariane 5, cinq par des fusées Soyouz et deux missions Vega, dont l’une a échoué. Stéphane Israël espère dépasser ce taux en 2021. La société prévoit actuellement d’effectuer trois lancements d’Ariane 5 dans l’année, dont deux impliqueront la livraison de satellites commerciaux. Le troisième, très attendu, se chargera d’envoyer le James Webb Telescope de la NASA en orbite.

Notez enfin qu’il ne reste que huit lancements dans le manifeste d’Ariane 5, avant que le véhicule ne soit retiré probablement d’ici la fin de 2022. Le premier lancement d’Ariane 6 est quant à lui désormais prévu pour le deuxième trimestre 2022.