Le Space Launch System (SLS) : la dernière fusée de la NASA

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Crédits : Tyler Martin / NASA Marshall

Il est peu probable que les États-Unis construisent à nouveau un lanceur comme le Space Launch System. Cette fusée, censée propulser les futurs astronautes vers la Lune, représente ainsi la fin d’une histoire. 

La fusée la plus puissante construite par la NASA depuis que le programme Apollo se tient enfin debout depuis plusieurs semaines. Du moins, la première version de son booster. Logée dans sa plate-forme d’essai du Stennis Space Center, Mississippi, la section centrale du Space Launch System (SLS), couleur abricot, se présente aujourd’hui comme la pierre angulaire des ambitions de la NASA. Développée depuis 2011, c’est en effet cette fusée qui se chargera d’envoyer des équipages vers la Lune, et pourquoi pas plus tard vers la planète Mars.

Après l’échec du premier test de tir statique de son booster, la NASA vient d’opérer un second test ce jeudi. Les quatre moteurs principaux se sont alors mis à rugir pendant 8 minutes et 19 secondes, de quoi permettre aux ingénieurs de certifier le premier étage de leur énorme fusée.

Ce test clôturé, le personnel de la NASA a désormais trente jours pour remettre ce booster et les moteurs de la fusée « à neuf » avant de transférer le tout vers centre spatial Kennedy en Floride. Ici, le SLS pourra finir d’être assemblé (second étage + capsule Orion). Une fois cette phase terminée, quelques tests supplémentaires seront programmés avant le lancement.

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Le test de tir à chaud du 16 janvier interrompu après 67,2 secondes. Crédits : Robert Markowitz/NASA

Le SLS, un projet né sur les bureaux des sénateurs

Pour l’heure, il est toujours prévu que cette fusée soulève une capsule Orion chargée de faire le tour de la Lune avant de revenir sur Terre. Sa première mission avec équipage, elle, est prévue pour 2023. Ce vol sera le premier à libérer des astronautes au-delà de l’orbite terrestre basse depuis 1972.

Sur le papier, le Space Launch System apparaît ainsi comme un lanceur ambitieux visant à servir des missions qui le sont tout autant. Mais il représente aussi autre chose : le bout de la ligne. C’est en effet probablement la dernière classe de fusée que la NASA est susceptible de construire.

Le souhait de la NASA de renvoyer des astronautes dans l’espace lointain ne date pas d’hier, mais il manquait à l’agence un véhicule conçu, testé et validé. Finalement, nous y voilà, mais ce projet traîne quelques cailloux dans la chaussure. Et pour cause, comme le souligne ainsi David W. Brown pour le New York Times, «le Space Launch System est né non pas sur les tables de rédaction des ingénieurs, mais sur les bureaux des sénateurs».

Et c’est bien là le problème. En 2010, les membres du Congrès ont en effet légiféré sur l’existence de ce lanceur super-lourd, mais les politiques n’avaient pas de conception particulière à l’esprit, et un budget limité. Ils ont ainsi exigé que la NASA s’appuie sur les pièces de ces anciennes navettes spatiales dès que possible, et demandé à que le résultat soit lancé d’ici 2016.

Aujourd’hui, le programme a dépassé son budget de plusieurs milliards de dollars, et son premier lancement pourrait n’intervenir qu’en 2022.

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Le premier étage du lanceur SLS destiné au lancement de la mission Artemis I sort de l’usine de Michoud. Crédits : Danny Nowlin

Cette fusée ne représente pas l’avenir

Cela aurait pu ne pas être un « problème » si la NASA avait été seule sur le marché. Or aujourd’hui, nous avons SpaceX. La société a commencé à transporter les astronautes vers la Station spatiale internationale, et vise désormais la Lune ou encore la planète Mars. Ceci étant dit dit, si les vaisseaux de SpaceX enchaînent les tests, ils ne seront véritablement prêts à transporter des astronautes au-delà de l’orbite terrestre basse que dans quelques années seulement.

Aussi en attendant, si la NASA veut ramener des astronautes sur la Lune, le Space Launch System reste son unique moyen d’y arriver. Chaque lancement coûte quand même environ deux milliards de dollars, et que ses boosters ne peuvent être réutilisés. En revanche, cette fusée ne représente pas l’avenir. Le Space Launch System n’est qu’un « produit de transition utile » qui mènera inévitablement la NASA à se reposer sur d’autres prestataires pour ses missions futures.

Que le programme du Space Launch System se termine l’année prochaine ou dans dix ans, ce ne sera pas la fin d’un chapitre, mais la fin d’une longue histoire.