Une poursuite fédérale intentée contre Boeing accuse le géant de l’aérospatial de vol de propriété intellectuelle et d’utilisation abusive de composants critiques impliqués dans l’assemblage de la fusée lunaire Artemis de la NASA.
Boeing est chargée de la gestion globale du programme SLS et de la construction de la partie centrale de la fusée, appelée le Core Stage, qui contient les réservoirs de carburant, les moteurs et les systèmes essentiels au lancement. Pour ce faire, la société travaille en étroite collaboration avec d’autres sous-traitants et partenaires. Par exemple, Aerojet Rocketdyne fournit les moteurs principaux RS-25, tandis que Northrop Grumman fournit les propulseurs d’appoint à poudre. La plainte déposée devant un tribunal fédéral de Washington le mercredi 7 juin concerne toutefois une autre société nommée Wilson Aerospace.
Une plainte pour vol de propriété intellectuelle et utilisation abusive contre Boeing
Wilson Aerospace fabrique des outils et des composants pour les missions de la NASA depuis près de trente ans. Elle a notamment été impliquée dans plusieurs projets majeurs, dont le télescope Hubble ou l’ISS. Plus récemment, la société dit avoir été engagée par Boeing en 2014 pour fournir des outils permettant l’installation des quatre grands moteurs de la fusée lunaire SLS, l’épine dorsale du programme Artemis de la NASA. Un communiqué indique que Boeing a obtenu des informations exclusives auprès de Wilson Aerospace, avant de finalement résilier les contrats. Boeing aurait ensuite produit ses propres versions de ces outils qui ont visiblement été largement déficients.
Selon Wilson Aerospace, ces outils défectueux seraient en effet à l’origine des différentes fuites d’hydrogène essuyées lors des tentatives répétées d’alimenter la fusée Space Launch System (SLS) en carburant pour sa mission Artemis 1. Ainsi, pour David Wilson, Jr., le président et fondateur de Wilson Aerospace, Boeing a non seulement volé la propriété intellectuelle de sa société, qui plus est sans recevoir les instructions complètes sur la façon de construire, d’installer et d’utiliser ces fameux outils, mais a également « porté atteinte à la réputation de son entreprise au détriment de la sécurité des astronautes, ce qui est au-delà méprisable« .
La plainte de Wilson Aerospace va même plus loin que le programme SLS. La société accuse en effet Boeing d’un « schéma alarmant » de subterfuge et de vol de la propriété intellectuelle de plusieurs autres concurrents. Toutes ces manipulations auraient ainsi permis à Boeing de remporter d’énormes contrats aérospatiaux avec la NASA et des projets d’aviation commerciale.
En réponse, un porte-parole de Boeing a déclaré que le procès omettait des informations clés. Il a également assuré que la société se défendrait vigoureusement devant les tribunaux.