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Les exploitations de gaz et de pétrole émettent du méthane en masse et cela se voit depuis l’espace

À l’aide d’images satellites, des chercheurs ont pu identifier des fuites de méthane aux quatre coins du monde. Or, ces fuites visibles depuis l’espace proviennent en majeure partie d’exploitations d’hydrocarbures.

Deux tiers des fuites de méthane imputées aux hydrocarbures

Rappelons tout d’abord que le méthane (CH4), dont la croissance s’emballe depuis une dizaine d’années, est un gaz à effet de serre dont la durée de vie dans l’atmosphère est de « seulement » une décennie. À titre de comparaison, le dioxyde de carbone a une durée tournant autour d’un siècle. En revanche, le CH4 préoccupe beaucoup puisqu’il a un pouvoir réchauffant 25 à 30 fois supérieur à celui du CO2.

Lorsque nous évoquons les émissions de méthane, la question de l’élevage de bétail revient très souvent. Toutefois, il s’agit seulement d’une cause parmi d’autres. Dans un communiqué du 3 février 2022, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) relayait les résultats d’une étude portant sur les fuites de méthane visibles depuis l’espace. Les scientifiques ont alors exploité les images du satellite Sentinel-5P de l’Agence spatiale européenne (ESA) sur deux années. Selon les chercheurs du CEA, du CNRS et de la société de géoanalyse Kayrros, les travaux publiés dans la revue Science ont permis d’identifier un total de 1 800 panaches (ou nuages) de méthane dont 1 200 proviennent d’exploitations d’hydrocarbures.

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Un bilan très lourd et pourtant sous-estimé

Il faut également savoir que seules les fuites les plus importantes ont été repérées. Ainsi, des milliers d’autres restent inconnues, si bien que le bilan réel pourrait être bien plus lourd. De plus, les plus grosses fuites concernent trois pays : la Russie, le Turkménistan et les États-Unis avec des taux dépassant les quatre cents tonnes de méthane par heure. Les chercheurs estiment ainsi que ces fuites de méthane représentent l’équivalent de la circulation de vingt millions d’automobiles par an. Ils soulignent que leur étude permet en partie de comprendre pourquoi les émanations de méthane sont sous-estimées dans les inventaires officiels de l’exploitation d’hydrocarbures.

L’Agence internationale de l’énergie (IEA) affirme quant à elle que des mesures pourraient permettre d’éviter 75% des émissions de méthane (et de pétrole). Parmi ces solutions, citons les systèmes de capture de gaz afin d’éviter les pertes ou encore le brûlage, permettant de rejeter du CO2 au lieu du méthane, ce qui n’est certes pas idéal. De plus, il faut savoir que ces solutions représentent un certain coût. Néanmoins, de très importantes économies pourraient tout de même être réalisées, si l’on considère le prix du gaz perdu ainsi que son impact sur le climat et la qualité de l’air.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.