À quelle fréquence l’ISS doit-elle éviter des débris spatiaux ?

station spatiale internationale cellules de vache
Crédits : NASA/Roscosmos

La Station Spatiale internationale (ISS) doit régulièrement effectuer des manœuvres d’évitement de déchets spatiaux. Alors que le nombre de ces débris ne cesse d’augmenter, il est intéressant de savoir à quelle fréquence ces manœuvres se produisent.

Une navigation de plus en plus complexe

En orbite autour de la Terre à une altitude d’environ 400 km, l’ISS a vu son environnement se remplir en plus de vingt ans d’existence. Bien que des débris spatiaux soient présents depuis les années 1990, leur concentration a augmenté au fil des ans, principalement en raison de la multiplication des satellites. Cela rend la navigation de cette station spatiale (qui tout de même à environ 28 000 km/h) de plus en plus complexe.

Il faut dire que d’une manière générale, les dizaines, voire centaines de milliers de débris en orbite autour de notre planète représentent une menace pour les astronautes et les engins spatiaux, dont l’ISS et les satellites eux-mêmes. La station doit donc régulièrement procéder à des manœuvres d’évitement (officiellement qualifiées de « changement de trajectoire ») à l’aide de l’un des moteurs de ses vaisseaux cargo. L’objectif ? Agrandir ou rétrécir son orbite et ainsi éviter le ou les obstacles.

Comme l’explique Space.com dans un article du 13 mars 2023, cela s’est produit plusieurs fois en 2022. La dernière manœuvre du genre a eu lieu à la fin du mois d’octobre afin d’éviter les débris d’un satellite russe. L’ISS a utilisé 70 kg de propergol afin d’élever sa trajectoire et d’éviter ainsi un débris de cinq centimètres. Or, si cette taille semble insignifiante, le morceau de métal aurait pu causer des dégâts importants, notamment au niveau des panneaux solaires et surtout des modules pressurisés.

débris spatiaux
Crédits : Pincio

Des manœuvres de plus en plus fréquentes

Rappelons tout de même que si ces manœuvres sont de plus en plus fréquentes, leur survenue reste très rare. Depuis 1999, l’ISS a en effet évité des obstacles « seulement » 32 fois. Néanmoins, le phénomène est en forte augmentation dans la mesure où la moitié de ces évitements ont eu lieu entre 2021 et aujourd’hui. Dans un rapport publié en décembre 2022, la NASA a évoqué le coût du changement de trajectoire ayant permis d’éviter le débris du satellite russe : un million de dollars. Par ailleurs, toute crevaison d’un des modules de l’ISS coûterait 200 millions de dollars de réparation.

Afin de minimiser les risques, la NASA a créé le North American Aerospace Defense Command (NORAD). Cette organisation passe le plus clair de son temps à surveiller le ciel et calculer les trajectoires de nombreux débris. Néanmoins, si les plus gros objets sont faciles à suivre, les plus petits (ceux de moins de 10 cm) peuvent passer inaperçus. Par ailleurs, le NORAD a identifié pas moins de 47 000 débris en orbite, mais selon de nombreux observateurs, cela représenterait seulement entre 5 et 10 % du total des débris présents.

En septembre 2022, la Federal Communication Commission (FCC) a enfin pris au sérieux le problème des débris spatiaux. Elle désire à présent obliger les opérateurs de satellites en orbite terrestre basse à désorbiter leurs engins spatiaux dans les cinq ans suivant la fin de leur mission.