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Crédits : EDF

France : EDF réoriente son projet de petits réacteurs nucléaires

Considérés comme l’avenir de l’industrie nucléaire il y a encore quelques années, les Small Modular Reactor (SMR) sont peut-être en perte de vitesse. En France, EDF a tout simplement abandonné son projet de recherche & développement en cours. Pourquoi une telle décision ?

Des réacteurs prévus pour 2030

En 2017, la question était de savoir si les mini-réacteurs nucléaires étaient capables ou non de révolutionner ce domaine ou du moins de le redynamiser. Ces réacteurs sont des Small Modular Reactor (SMR), dont les dimensions sont très réduites : 25 m de long pur 3,6 m de diamètre en ce qui concerne le projet sur lequel travaillait EDF avec sa filiale Nuward. À l’époque, le directeur recherche & développement évoquait des travaux concernant un réacteur SMR de 150 MWe, soit dix fois moins que certaines centrales traditionnelles. Toutefois, il a ensuite rapidement été question d’un concept de centrale qui intègre deux réacteurs SMR de 170 MWe, soit 340 MX de 150 MWe.

Les SMR en France étaient prévus pour être opérationnels vers 2030 et être déployés sur l’ensemble du territoire. L’un des objectifs était de stopper l’escalade de la puissance des centrales en faisant simple, petit et modulaire. De plus, ces réacteurs présentaient des bons côtés en termes de sécurité : refroidissement plus efficace, architecture qui limite les risques d’incendie, etc. Seulement, voilà, EDF a changé ses plans comme l’affirme le quotidien Les Échos dans un article du 1er juillet 2024.

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Crédits : EDF

Pas d’innovation technologique totale

EDF a décidé de réexaminer en détail sa stratégie initiale en raison de plusieurs défis concernant autant l’aspect financier du projet que l’aspect technologique. Il est désormais question d’une nouvelle orientation, c’est-à-dire l’exploitation de technologies éprouvées pour la conception de ses réacteurs SMR. Autrement dit, le projet de recherche & développement pour une innovation technologique totale appartient désormais à l’histoire ancienne. De ce fait, EDF espère de meilleures conditions de réussite en facilitant la faisabilité technique.

Cette décision impacte donc Nuward, la filiale spécialement créée pour développer ce projet. Elle avait d’ailleurs bien progressé jusqu’à la phase d’avant-projet détaillé, dans l’attente de l’étude approfondie de la maquette de la centrale. Néanmoins, EDF a tout stoppé pour deux raisons : les coûts énormes en lien avec le développement d’une telle technologie, mais également l’existence d’incertitudes techniques. Si cette décision peut décevoir certaines personnes, elle s’intègre dans une logique de prudence et d’optimisation des ressources. EDF opte donc pour des technologies déjà éprouvées afin de minimiser les risques tout en accélérant le développement de ses SMR.

Enfin, rappelons que plus d’une quarantaine de géants du secteur des start-up dont NuScale Power travaillent actuellement sur le même type de mini-réacteurs, dont la puissance ne dépassera pas les 300 MWe. Si NuScale Power était la société la plus proche du but, elle a subi plusieurs revers en 2020 : allongement des délais, investisseurs quittant le projet, etc.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.