Si les vagues de froid extrêmes des années 1980 peuvent nous paraître bien lointaines aujourd’hui compte tenu du contexte de réchauffement, il ne faut pas s’y méprendre. Les travaux axés sur l’évolution des vagues de froid montrent que la survenue d’épisodes de froid intenses est toujours possible en France, et le restera au cours des prochaines décennies.
En France métropolitaine, l’augmentation de la température depuis 1900 se chiffre à 1,7 °C en moyenne annuelle. En cas de poursuite du réchauffement au rythme actuel, les modèles prévoient une augmentation avoisinant 4 °C à 5 °C d’ici à la fin du siècle, par rapport à la période 1976-2005. Au niveau saisonnier, l’été est la saison la plus touchée par cette hausse. Par ailleurs, le réchauffement est plus prononcé sur la moitié sud-est du pays et en altitude, mais relativement modéré en allant vers le nord-ouest en raison de l’influence océanique.
Si cette vision générale du réchauffement permet d’en saisir les grands traits, elle masque toutefois un élément important : nous n’expérimentons pas directement ces évolutions moyennes que l’on peut seulement calculer. En effet, la façon dont les changements s’imposent et s’imposeront à nous vient de la conjugaison entre un phénomène dominant, le réchauffement dû aux gaz à effet de serre, et une série de fluctuations secondaires responsables, par exemple, de l’alternance entre des hivers plus ou moins doux. Dans la plupart des cas, ces fluctuations sont liées à la variabilité interne du système climatique.
Le risque de vague de froid intense n’a pas disparu
Pour cette raison, les vagues de froid et autres épisodes hivernaux continueront à se produire de temps à autre, en France comme ailleurs, malgré un contexte général de réchauffement. Cela vaut également pour les épisodes de froid intenses comme ceux qu’a connu notre pays dans les années 1980. Selon un rapport du projet Xaida (eXtreme events : Artificial Intelligence for Detection and Attribution), si la configuration météorologique associée à la vague de froid de janvier 1985 se reproduisait de nos jours, l’anomalie nationale sur quinze jours se chiffrerait à environ -9,2 °C, soit à peine 1,4 °C de plus qu’en 1985. Autrement dit, nous observerions l’un des épisodes les plus froids des cinquante dernières années.
De plus, les scientifiques rappellent que les circulations de blocage responsables des apports d’air froid sur l’Europe de l’Ouest devraient continuer à se présenter de façon périodique à l’avenir, ce qui confirme qu’en dépit de la hausse moyenne des températures, la France n’est pas à l’abri d’une vague de froid intense, analogue à celles observées en seconde partie du vingtième siècle, avec des conséquences majeures sur le système énergétique et la santé. Ce risque est également retranscrit par les simulations climatiques à haute résolution comme le révèle la figure ci-dessus.
« Les projections climatiques actuelles indiquent également que, malgré une tendance au réchauffement mondial et régional, des écarts de 10 °C à 15 °C en dessous des normales sont toujours possibles et le seront pour les décennies à venir », indique à ce titre le rapport. En témoignent les vagues de froid observées en Amérique du Nord ou en Asie de l’Est ces dernières années. Ainsi, il serait peu judicieux que les pays négligent leur préparation aux extrêmes froids, même s’ils tendent à devenir moins fréquents. En particulier dans un contexte où les populations se sont accoutumées à des températures plus élevées.